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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 23:38

Il y a beaucoup de battage actuellement autour des voitures électriques à batterie lithium-ion, mais l'avenir n'est-il pas plutôt aux véhicules électriques équipés de piles à combustible ?


Le lithium est un métal rare et 50% des ressources identifiées sont localisées dans un pays au haut risque politique dont les exigences augmentent chaque jour (la Bolivie). Il semble bien que l'autonomie des véhicules électriques sera toujours limitée et que leur utilisation se cantonnera essentiellement à la circulation urbaine. Des formules de location des batteries sont envisagées car ces dernières seront d'un coût très élevé (10 000 € et plus), rendant difficile la commercialisation des voitures électriques. Compte tenu des ressources limitées en lithium, le parc mondial économiquement envisageable sera lui aussi limité. Un article antérieur évoque les limites de cette technologie.


Par contre la ressource nécessaire pour les piles à combustible est un élément inépuisable : l'hydrogène. C'est un « carburant » zéro émission qui se convertit simplement en vapeur d'eau après avoir délivré son énergie dans la pile.


Lors du salon automobile de Francfort en septembre 2009, le PDG de Daimler, Dieter Zetsche a déclaré que les piles à combustible ont une meilleure chance de remplacer le pétrole que les batteries comme source d'énergie pour les véhicules. Selon lui, les piles à combustible battent largement les batteries en autonomie et en puissance pour alimenter les véhicules sur de longues distances.
 

Le gouvernement allemand et un groupe de compagnies pétrolières viennent d'annoncer un programme de construction de 1000 stations à hydrogène d'ici à 2015. Toyota, Ford, General Motors et Hyundai ont demandé aux compagnies pétrolières de construire un réseau de stations à hydrogène.


Différentes techniques existent pour produire l'hydrogène dont certaines sont déjà opérationnelles au niveau industriel avec un rendement élevé (75% pour l'électrolyse) : réformage du gaz naturel, électrolyse de l'eau, thermochimie de l'eau et voie biologique. D'importants développements sont encore nécessaires pour rendre les piles à combustible plus compactes et performantes ainsi que pour réaliser des réservoirs à hydrogène plus sûrs et efficaces. Et une infrastructure suffisante de distribution d'hydrogène sera nécessaire pour assurer le succès de ces véhicules. Déjà Honda est en train de tester 35 modèles de sa FCX Clarity à pile à combustible sur les routes japonaises et américaines. Daimler a construit un prototype Mercédès Classe B avec une autonomie de près de 400km et une capacité de remplissage du réservoir en 3 minutes. L'alliance Renault-Nissan a mis au point en 2008 un prototype Scenic ZEV H2. Enfin en avril 2008, le groupe PSA a présenté un démonstrateur : le Partner H2Origin.


La plupart des experts évoquent l'horizon 2015 pour une production en série de véhicules à hydrogène qui soient compétitifs par rapport aux modèles à essence. C'est-à-dire demain. On peut penser que les avantages de ce type de véhicule l'emporteront rapidement face aux modèles électriques.


De plus, l'Europe et notamment la France sont très largement dépassés par les pays d'Asie (Japon, Corée, Chine) dans le domaine des batteries au lithium-ion. Il est permis d'estimer que les développements européens dans ce domaine ne sont pas utiles car il ne permettront jamais de rattraper le retard technologique à un coût raisonnable. Il s'agit là d'un bon exemple d'un domaine où les sommes récoltées par le « grand emprunt » projeté ne doivent pas être investies car le taux de rentabilité sera mauvais, avec une chance très faible d'être jamais compétitif. Par contre dans le domaine des piles à combustible et de la maîtrise de l'hydrogène, des acteurs importants ont largement investi et occupe une position relativement compétitive. De plus le déploiement des infrastructures de distribution nécessitera des interventions d'acteurs locaux telles que les compagnies pétrolières et les producteurs de gaz industriels qui sont autant de leaders mondiaux dans leurs domaines.


Il serait tout à fait regrettable que la mode actuelle des voitures à batterie conduise l'Etat à diriger des sommes importantes vers ce domaine où la compétitivité est quasiment hors d'atteinte et néglige la voie des voitures à hydrogène à la fois plus prometteuse en termes de potentiel et où l'Europe est déjà plus compétitive. Ce type de risque démontre une fois de plus que le "grand emprunt" est une mauvaise idée car les décisions d'investissement seront à la merci des modes, des projets favoris de certains fonctionnaires, experts ou politiciens qui ne seront jamais sanctionnés pour avoir pris de mauvaises décisions. Mais la France elle, aura perdu quelques points de croissance et de belles opportunités industrielles. On a vu plus haut que l'Allemagne a dès maintenant un projet en cours de 1000 stations à hydrogène. Et la France ? Faudra-t-il faire intervenir le moment venu les industriels allemands pour installer le réseau français faute d'avoir su développer un savoir-faire chez nous ?

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