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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 20:28

Le parti socialiste vient de déclarer que le PIB (Produit Intérieur Brut) est un indicateur devenu obsolète

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30 septembre 2020 3 30 /09 /septembre /2020 20:56

Depuis le début de la révolution industrielle, l'économie mondiale est considérée comme progressant au même rythme que la consommation d'énergie, qu'elle soit générée par le charbon, le pétrole ou le gaz naturel

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31 juillet 2020 5 31 /07 /juillet /2020 20:22

Depuis des millénaires, l’Egypte est un don du Nil. L’Égypte a effectivement eu la chance pendant plusieurs millénaires, que ses voisins du Sud où le Nil prend ses sources étaient peu peuplés, divisés et peu organisés. Elle a pu tranquillement irriguer les rivages du fleuve, et réaliser un grenier merveilleux pour alimenter les Egyptiens. Le summum a été la construction du barrage d’Assouan, largement financé par l’aide internationale, qui a sécurisé l’approvisionnement en eau du pays.

 

Aujourd’hui la situation a dramatiquement évolué : l’Ethiopie a réussi de formidables progrès économiques et sanitaires, sa population atteint maintenant les 100 millions d’habitants, soit autant que l’Egypte. L’Ethiopie a ainsi pris un poids important dans la région et a fortement influencé la signature d’un accord-cadre en mai 2011 sur la partage des eaux du Nil entre elle-même, le Rwanda, la Tanzanie, le Kenya, le Burundi et en aval : le Soudan et l’Egypte. L’exploitation du potentiel hydraulique – irrigation et électricité, par les pays de l’amont, pourrait désormais être poursuivie sans que l’Egypte puisse la bloquer. Sauf que le Soudan et l’Egypte ont boycotté cet accord.

 

Aussitôt après cette signature, l'Ethiopie a entrepris la construction sur le Nil Bleu (*) d’un barrage géant, le Grand Barrage de la Renaissance Ethiopienne (GERD) situé au nord, à 40km de la frontière soudanaise. Il est prévu que l’Ethiopie autofinance entièrement ce projet à hauteur de $ 4,8 milliards, complété par une aide de la Chine qui financera les turbines et les systèmes électriques pour $ 1,8 milliards. La puissance électrique installée sera de 6 450 Megawatts. Les objectifs principaux sont de développer l’agriculture irriguée, limiter les inondations et satisfaire les besoins en électricité en forte croissance de l'Ethiopie.

 

Et depuis le début de la construction, des négociations se sont poursuivies entre les 3 pays : Egypte, Soudan et Ethiopie, avec l’intermédiation de la Russie sans réel succès. L’Egypte surtout craint que le remplissage du barrage qui doit durer plusieurs années, assèche les eaux du Nil et provoque une catastrophe agricole et une pénurie majeure en eau.

 

Depuis une dizaine de jours une partie du remplissage du barrage a été effectuée et la situation est devenue très tendue entre l'Ethiopie et l'Egypte. Un tweet du ministre éthiopien des affaires étrangères, Gedu Andargachew, proclamant : « Félicitations ! C’était le Nil et le fleuve est devenu un lac. Il ne se déversera plus dans le fleuve. L’Éthiopie en tirera tout le développement qu’elle souhaite. En fait, le Nil est à nous ! » ne va pas arranger les relations entre les deux pays. 

 

Un élément clef du litige est le temps que mettra le barrage à remplir son réservoir qui contiendra l’équivalent d’une année d’eau du Nil Bleu : 3, 5, 10 ans. Plus le remplissage sera rapide, plus tôt l’Ethiopie pourra bénéficier de l’irrigation et de l’électricité produite ; et plus l’Egypte verra son approvisionnement en eau réduit. Selon une étude de l’International Crisis Group, un consensus  aurait émergé sur une durée de 5 ans. Mais il n’y aurait aucun accord sur la résolution des cas de sécheresse et autres conflits.

 

On notera au passage le mutisme des puissances dites « grandes » sur ce qui se passe dans cette région. Les Etats-Unis sont totalement absents ; l’Europe également, la France notamment ne se préoccupe que de son domaine favori : l’Afrique francophone ; la Chine comme la Russie poussent leurs pions en silence et toute tranquillité. Et l’ONU me demandera t’on ? Elle est sans doute hors jeu, car le conflit intéresse peu. L’affaire a été portée par l’Egypte devant le Conseil de Sécurité, sans résultat

 

L’Afrique est un continent hyper important au XXIè siècle et la question de l’eau va devenir de plus en plus critique dans les pays africains dont l’économie et la démographie se développe rapidement. Les besoins en eau vont naturellement devenir de plus en plus pressants et ceux qui détiennent les sources auront toujours plus d'ascendant sur les autres. Les Chinois le savent parfaitement car dans leur pays, depuis plus de 5 000 ans ceux qui tiennent l’eau tiennent le pouvoir. Cela m'amène à mentionner le projet chinois « pharaonique » de déviation du Yang Tse (le Fleuve Bleu) vers le Houang Ho (le Fleuve Jaune) qui coule non loin de Pékin et est sec une partie de l’année. L'assèchement du Houang Ho est causé essentiellement par les prélèvements de l'irrigation et des besoins en eau de l'industrie et des populations le long du fleuve. Mais en Chine, la situation est bien différente : un seul pays, une seule autorité qui peut imposer des transferts d’eau gargantuesques de part et d'autre du pays, même si cela cause un impact écologique et économique gigantesque !

 

(*) Le Nil est formé de deux bras : le Nil Bleu dont les sources sont en Ethiopie et le Nil Blanc dont les sources sont en Tanzanie ; ces deux bras se rejoignent à Karthoum, capitale du Soudan.

 

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30 avril 2020 4 30 /04 /avril /2020 19:12

Une des retombées marquantes de la crise sanitaire est une baisse significative de la demande de soins médicaux. Ceci conduit à craindre que de nombreuses personnes ayant des problèmes qui justifient une visite, un examen, des analyses ou même une opération chirurgicale, un traitement d’urgence, en retarde

 

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18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 09:05
Le 13 février 2020, le Président le République a rendu visite à la vallée de Chamonix et a constaté les effets du dérèglement climatique sur son glacier mythique, la Mer de Glace.
Des personnalités qui l'accompagnaient ont évoqué la possibilité de règlementer les camions les plus polluants dans le tunnel du Mont Blanc et de développer le
ferroviaire dans la vallée.
 
Ces idées sont intéressantes mais cela semble des mesurettes face aux enjeux auquel le massif du Mont Blanc fait face.
En effet, il apparait que la température moyenne dans cette région augmente deux fois plus vite que dans le reste de la France, ce qui est certainement une des deux causes majeures du recul rapide de la Mer de Glace, l'autre cause étant probablement une baisse des précipitations.
 
Sans être un expert du climat, il me semble évident que la création du tunnel du Mont Blanc en 1965 et le trafic intense de camions qu'il a généré dans une vallée encaissée comme celle de Chamonix a provoqué à la longue une modification du climat de la région.
 
La solution définitive à ce problème est bien connue de nos amis suisses qui en pratique, interdisent la traversée de leur pays aux camions, leur imposent de monter sur des trains qui traversent rapidement leur pays. L'exemple du tunnel ligne de base du Saint Gothard est vraiment un modèle à suivre.
Ce qu'il faut entreprendre sous le Mont Blanc, c'est de supprimer le trafic des camions, bâtir une ligne ferroviaire électrifiée qui prendrait les camions très en aval, dans la vallée de l'Arve et les mènerait aussi loin que possible dans les vallées de Courmayeur et d'Aoste.
 
Un complément de cette solution est de suivre l'exemple de certaines stations suisses comme Zermatt : bannir la circulation des voitures dans toute la vallée et les remplacer par des navettes électriques sur rail et sur route.
 
Ces solutions s'entendent certainement avec l'utilisation d'électricité décarbonnée et non venant de centrales au gaz ou au charbon
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31 octobre 2019 4 31 /10 /octobre /2019 22:32

Depuis plusieurs mois, les économistes, les politiques et les banquiers centraux s'inquiètent : la croissance de l'économie mondiale ralentit, les investissements stagneraient sur l'ensemble de l'année 2019, le commerce international n'augmente plus aussi vite et selon certains, serait déjà en décroissance au deuxième trimestre 2019. En Europe, on se plaint que l'Allemagne ne relance pas son économie plus activement pour entraîner les autres pays de l'UE. De nombreux économistes préconisent une relance budgétaire c'est-à-dire par la dette, ils encouragent donc les Etats à s'endetter ! Pour quoi faire ? On remarque que dans un entretien récent, le secrétaire d'État au Finances allemand, a indiqué qu'une augmentation des dépenses publiques allemandes n'aurait pas d'impact en Allemagne à cause de la situation de plein emploi et un manque de capacité industrielle notamment dans la construction, et que son effet d’entrainement serait faible dans les autres pays de l'UE parce que l'espace économique européen n'est pas suffisamment intégré.

 

Une facteur important que la grande majorité des économistes semblent ignorer est la forte corrélation entre la consommation d'énergie et la production (le PIB).

C'est ainsi qu'il y a quelque temps, l’économiste Gaël Giraud a mis en relation la multiplication des moulins à eau et à vent sur le territoire européen dès la fin du XIIè siècle avec la sortie de la féodalité, la naissance de villes autonomes, l’émergence des marchands, la sortie de la féodalité, et la création des premiers réseaux bancaires.

La révolution industrielle des 18è et 19è siècles a été aussi bien permise que provoquée très largement par la mise en production de mines de charbon et plus tard de puits de pétrole. La disponibilité et la mise en oeuvre de ces sources d'énergie à une échelle toujours plus importante et à un coût unitaire déclinant ont été la clef numéro 1 du progrès économique. Certainement, il a fallu que le faible coût de l'énergie soit accompagné par d'autres facteurs comme les technologies nouvelles, de nouvelles formes de capital productif et des « nouveaux métiers ». Mais l’abondance et le faible coût de l’énergie sont des éléments essentiels de la croissance.

 

Une analyse récente évalue l’effet d’une croissance de 10% de la consommation d’énergie à 6-7 % de croissance du PIB avec probablement un retard de l'ordre de 18 mois ; inversement une baisse de la consommation d’énergie entrainera une baisse du PIB.

Il est possible et probable que nous nous dirigions effectivement vers une baisse de production donc de consommation d’énergie, notamment en raison de l’épuisement des réserves pétrolières et de la fermeture volontaire ou non des mines de charbon et de lignite. Dans ces conditions, il me semble crédible que la production mondiale – le PIB mondial – soit amenée à baisser. La solution serait de découpler la consommation d’énergie du PIB, ce qui reviendrait à augmenter considérablement l’efficacité énergétique de toutes nos activités et de tous nos biens.

 

On voit qu’au lieu de pousser les gouvernements à actionner des leviers traditionnels pour stimuler l’économie, ce qui risque de s’avérer de moins en moins productif à cause de la rareté de l’énergie, les économistes devraient mettre l’accent sur les économies d’énergie et l’amélioration drastique du ratio production / consommation d’énergie. On constate que c'est ce que font de nombreux industriels en ciblant officiellement une réduction de leur production de CO2, ce qui en fait les amènent à diminuer leur consommation d'énergie.

 

Les efforts d’économie d’énergie ont donc un double effet :  réduire la production de gaz à effet de serre et permettre à l'économie de poursuivre son développement avec une dépendance moindre de la consommation d'énergie. On pourrait ainsi imaginer que pour une augmentation du PIB donnée, par exemple de 6-7%, l'augmentation de la consommation d'énergie chute progressivement et se rapproche de zéro.

 

 

 

 

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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 21:03

Il n'y a pas qu'en Inde qu'il y a des vaches sacrées. Les banques centrales ont elles aussi leur vache sacrée : ce fameux 2% d'inflation qui est censé être leur objectif.

Soyons concret, par exemple si chaque année pendant 35 ans, nous avons 2% d'inflation, les prix auront doublé – il s'agit en effet de pourcentages composés qui se cumulent en se multipliant année sur année et non en s'additionnant. La valeur de la monnaie sera donc divisée par deux.

 

En pratique, qui profite de l'inflation ?

- de loin les États les plus endettés ! ce sont les plus gros bénéficiaires et dans ce domaine, l'État français est un champion quasi éternel, que cela soit à l'époque des rois ou depuis que la république a pris leur place.

On se rappelle que, sous la régence du Duc d'Orléans au 18è siècle, le financier Law apporta une belle solution à la royauté impécunieuse qui souhaitait éradiquer la lourde dette laissée par Louis XIV. En créant de la monnaie papier en grande quantité, Law a fait figure de génie, mais il a surtout bien aidé l'État de l'époque.

- les particuliers, notamment ceux qui ont acheté un logement. Leur salaire augmente au moins avec l'inflation mais le remboursement de leur emprunt est figé et la charge de remboursement diminue rapidement grâce à l'inflation.

- toutes les organisations et personnes qui sont endettées

 

et qui est pénalisé ?

- certainement pas les États qui sont toujours endettés

- les particuliers qui ont épargné et placé leur argent "sans risque" dans les caisses d'épargne où les taux sont faibles et souvent inférieurs à l'inflation

- les particuliers qui bénéficient de rentes dont les versements sont constants : avec l'inflation, la valeur des versements diminue

 

Ce fameux 2% d'inflation est parait-il le seul objectif de la Banque Centrale Européenne (BCE). On se demande bien pourquoi le taux a été fixé à 2% ? Jacques de Larosière ancien directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), s'est interrogé récemment en quoi ces 2% étaient justifiés ; ne trouvant aucune justification, il a recommandé de passer à 1%. Ce nouveau standard semble avoir été choisi au hasard, pour se garder du risque de déflation qui serait catastrophique, parait-il.

 

Mais sérieusement y a-t'il un risque de déflation de nos jours ?

Une vraie déflation, c'est une baisse générale de tous les prix. Dans cette situation, tous les agents économiques éviteraient de consommer et d'acheter dans l'attente de prix plus bas. Cette hypothèse se heurte à la réalité d'aujourd'hui : d'une part la population mondiale ne cesse d'augmenter, tous les pays émergents souhaitent rattraper les pays développés, augmenter leur production, faire bénéficier tous leurs citoyens d'un meilleur niveau de vie donc de consommer plus ; d'autre part les ressources de notre planète s'épuisent, donc les coûts d'accès à ces ressources ne font que croître sur le long terme ; de plus, nous sommes dans un monde qui devient de plus en plus un village, où ce qui se passe aux quatre coins de la planète a partout une influence marquante et la déflation en Europe ne peut exister si il y a de l'inflation partout ailleurs

 

Il semble bien qu'en agitant le chiffon rouge de la déflation, les économistes et les banquiers centraux sont dans une bulle isolée de la réalité macro économique mondiale. Et malgré tous ses efforts de création de monnaie, la BCE n'arrive pas à faire remonter l'inflation à son sacré 2%

 

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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 09:24

Le mouvement des Gilets Jaunes a émergé quand le gouvernement a décidé de mettre en place une taxe carbone sur les carburants. D'abord, on a cru qu'il s'agissait d'un mouvement de protestation contre l'excès d'impôts. Puis les Gilets Jaunes ont manifesté contre l'abandon de leurs territoires par l’État et les services publics, semblant demander plus d'État, plus de services, plus d'aides. Ces deux axes de protestations paraissent contradictoires.

 

La réponse politique se résume à un seul chiffre : 17 milliards € déversés en "pouvoir d'achat" financés par le déficit toujours plus grand des comptes publics. Le message implicite est clair : l'État peut tout faire et prend soin de vous, en bref c'est le règne de l'État-nounou, dans la ligne des précédents gouvernements.

 

Après 6 mois de manifestations hebdomadaires et 3 mois de grand débat, il est difficile d'identifier l'ombre d'un diagnostic profond et de solutions d'avenir. 

 

En fait, le diagnostic me semble clair : l’abandon ressenti par les Gilets Jaunes, une sorte de désertification de leurs territoires, une stagnation ou même la baisse de leur niveau de vie, tout cela s’est progressivement installé dans les régions, hors des métropoles, dans les villes petites et moyennes dans les 20-30 dernières années ; cela s’est produit avec la fermeture de nombreux sites industriels. 

 

Ce qu’on oublie souvent, c’est que l’industrie est comme un coeur qui anime et irrigue tout l’environnement local. Les salaires dans l’industrie sont plus élevés qu’ailleurs notamment plus que dans les services et les commerces, parce qu’ils correspondent à des qualifications plus élevées et plus recherchées. Ce qui génère une activité plus importante pour les commerces et services environnants. Ce qui fixe les jeunes et permet notamment la présence d’instituts de formation de bon niveau. De plus l’industrie a besoin de services d’une bonne technicité comme l’informatique, la comptabilité et des juristes d’entreprise, surtout si elle exporte et se développe à l’international.

Souvent la taille de l’entreprise qui dépérit puis disparaît est telle que cela passe inaperçu. L’accumulation des disparitions fait que l’environnement de ces villes semble après un temps plus ou moins long, vidé de son sang.

 

Un exemple marquant est celui de Prémery, une petit ville de la Nièvre, au milieu de la forêt, qui a longtemps vécu autour d’une usine chimique qui fabriquait des produits spéciaux à partir du bois des forêts. Depuis la fermeture de cette usine en 2003, Prèmery s’est assoupie, n’offrant plus de perspectives attirantes à la jeunesse qui est partie ailleurs. Elle a perdu 40% de ses habitants depuis le pic de son activité en 1968.

 

La vraie question est donc : comment ranimer toutes ces villes petites et moyennes.

 

Un article récent de Bernard Attali a rapproché ce déclin des territoires de l’abandon par l’Etat de la politique d’aménagement et de la suppression de son ministère, la suppression de la DATAR (*) (qui a entendu parler du Commissariat à l’égalité des territoires qui l'a remplacé en 2014 et qui pourtant aurait du être mis en avant ces derniers temps pour apporter des solutions aux territoires en détresse ?). Bernard Attali cite un outil tout simple qui a été abandonné et qui ne coûtait rien : la régionalisation du budget de l’Etat. Cet outil permettait au gouvernement et aux parlementaires de suivre l’impact géographique des décisions budgétaires avant le vote de la loi de finance, chaque année. Cet outil a été supprimé et maintenant le budget est voté “à l’aveugle” sans que l’on sache sa distribution géographique. 

La vérité est qu’il n’y a plus de politique nationale d’aménagement du territoire. Paris représente 30% de l’économie française et attire une proportion similaire des investissements. A côté de Paris, ce sont les métropoles qui méritent toutes les attentions alors qu’elles n’ont vraiment pas besoin d’aide, leur dynamique ayant déjà un pouvoir d’attraction qui vide les territoires environnant de leur substance. Il n’y a qu’à citer les universités et les hôpitaux de pointe : ils sont tous situés dans ces métropoles. Un exemple marquant de la défaillance de notre aménagement du territoire : le projet de mise à 4 voies de la N164 qui traverse la Bretagne par le centre. Ce projet lancé en 1969 par le général de Gaulle n’est toujours pas terminé : il reste 35% du tracé à réaliser. Simultanément la SNCF ferme ses gares et remplace les trains par des cars. Toutes les villes moyennes du Centre Bretagne perdent des activités et leurs usines et voient leur population baisser.

 

On peut y ajouter la suppression du Ministère de l’Industrie. Actuellement au gouvernement, l’industrie n’existe pas, elle n’est rattachée à aucun ministère ou secrétariat d’état, alors que nous avons depuis toujours un ministère de l’agriculture. Et pourtant, l’Etat multiplie les participations industrielles via la BPI ou la Caisse des Dépôts et l’on ne parle que de réindustrialisation. Le dernier ministre de l’Industrie était Emmanuel Macron, lorsqu’il avait également l’économie et le numérique, jusqu’au 30 avril 2016. Ne doit-on pas supposer qu’il a constaté qu’un tel ministère est inutile ? Maintenant, c’est le ministre de l’Économie qui prétend mener une politique industrielle, quand il en a le temps. En fait, il n’y a pas de politique industrielle. Le ministre joue surtout au pompier lorsqu’il s’agit de fermeture d’usines à Saint Saulve (Ascoval ex Vallourec), à Belfort (General Electric ex Alstom) ou à Blanquefort (Ford). 

 

L’industrie française est en concurrence ouverte avec le Monde entier. Ce qui la pénalise, c’est le poids des charges à la fois sociales et fiscales. A ce titre, il faut reconnaître l’idée remarquable de Michel Rocart quand il a créé la CSG : au lieu de faire supporter toutes les contributions sociales par les salariés, dont notamment ceux de l’industrie, la CSG fait contribuer l’ensemble de la population avec une certaine égalité. La TVA sociale est de la même veine, mais jusqu’à maintenant les politiques n’ont pas eu le courage de la mettre en place. En réduisant les charges sociales des entreprises, elle aurait un effet puissant pour aider les industries exportatrices et les aiderait à lutter contre la concurrence en France. En effet en parallèle, les produits importés comme les produits fabriqués en France subiraient cette TVA.

Les impôts de production qui pèsent 72 milliards € sont une autre charge qui pèse sur les entreprises, qu’elles gagnent ou non de l’argent. Ces impôts ne cessent de progresser. Dans un article récent, Olivier Babeau et Jean-Baptiste Danet proposent de supprimer progressivement ces impôts et de les déplacer vers la ligne des impôts sur les sociétés : ces impôts ne seraient alors dus qu’une fois pris en compte tous les coûts de l'entreprise.

 

C’est bien d’une politique globale des territoires dont nous avons besoin, combinant une vraie réindustrialisation, une amélioration de tous les réseaux routier, ferré, communication, une dynamique de création d’activités autour d’écoles, de campus, de centres de recherche en pleine nature et surtout une véritable participation citoyenne et l'association des représentants locaux dans l'élaboration des politiques et programmes. Que cette politique soit équilibrée et qu’aucun territoire ne soit laissé à l’abandon.

 

(*) DATAR : Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale, chargée, de 1963 à 2014, de préparer les orientations et de mettre en œuvre la politique nationale d'aménagement et de développement du territoire

 

 

 

 

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31 mai 2019 5 31 /05 /mai /2019 21:47

Il est de bon ton de pousser toutes les entreprises, les petites comme les grandes, à mettre en oeuvre leur transition numérique. Pour ses promoteurs, la transition numérique est vitale pour l’entreprise, elle doit s’y atteler avec énergie et investir largement. De nombreuses structures proposent leur aide et leurs conseils pour faciliter l’évolution des entreprises dans la direction qui convient.

 

Mais tous ces investissements, tout ce battage médiatique sont-il compatibles avec une évolution vertueuse et économe en production de CO2 ?

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18 janvier 2019 5 18 /01 /janvier /2019 16:29

Une catastrophe naturelle de plus a touché la région de l'Aude dans la nuit du 14 au 15 octobre 2018. Les politiques se sont manifestés très vite pour faire part de « l'émotion et de la solidarité de toute la nation ». Ces inondations rappellent celles des 12-13 novembre 1999 qui avaient occasionné, dans la même région, 25 décès, 200 000 personnes sinistrées et 610 M€ de dommages selon Les Echos. Cette fois-ci, le bilan provisoire est de 11 morts et la crue de l'Aude approche le record de 1891. En fait, dans cette région, les crues torrentielles sont fréquentes, avec une périodicité au moins décennale.

 

Les PAPI et Vigicrues Flash

Des programmes d'action de prévention des inondations PAPI sont en cours pour investir dans des réalisations diverses pour réduire l'effet des crues dans la région : construction de digues, re-calibrage des cours d'eau, suppression de piliers de ponts, création de bassins de rétention,... De 2006 à 2014, 81 M€ ont été ainsi investis par les collectivités avec l'aide de l'État. Et les collectivités se plaignent de la lenteur d'exécution de ces investissements et que les crédits tardent à être consommés.

 

Un dispositif d'alerte Vigicrues Flash se met en place pour les mairies. On note en passant qu'une alerte reçue par une mairie un dimanche soir a peu de chance d'atteindre les premiers intéressés, les habitants de la commune. Ce dispositif paraît très insuffisant comparé aux possibilités techniques actuelles de joindre les personnes concernées. Pourquoi, n'y aurait-il pas un dispositif d'envoi en nombre de textos à tous les habitants de la commune (qui souhaiteraient être abonnées?)

 

En fait tous les plans évoqués ne visent que les effets secondaires de ces intempéries exceptionnelles. Cela fait penser à Fukushima : on construit des digues pour empêcher les inondations. Manque de chance, le prochain tsunami — le prochain orage dans le cas de l'Aude, est plus violent que prévu et les digues sont inopérantes.

 

Des ouvrages conjurant les catastrophes récurrentes

Et pourtant il nous arrive que, face à des conditions naturelles catastrophiques et récurrentes, on finisse par réaliser des ouvrages qui suppriment ces conditions et remédient largement aux causes sinon en limitent les effets.

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Un bel exemple est celui du Riou Bourdoux dans la vallée de l'Ubaye, qui au XIXè siècle, suite aux orages, envahissait régulièrement la vallée de boues schisteuses noires qu'on ne pouvait stopper. Le déboisement intense de la montagne que les gens du pays pratiquaient à l'époque, pour augmenter les surfaces cultivées et consacrées à l'élevage, ne faisait qu'empirer la situation. Jusqu'au jour où l'Ubaye a failli être barrée par le torrent de boue. Alors de grands travaux ont été entrepris : reboisement de tout le versant, construction de petits barrages en escalier tout le long du torrent. Ces petits barrages empêchent la boue d'être entrainée et de poursuivre sa descente vers la vallée. Le reboisement systématique de la montagne a permis d'éviter que les pluies se transforment quasi instantanément en torrent : l'eau des pluies d'orage est retenue par la végétation et s'écoule lentement. Depuis la réalisation de ces travaux, il y a 150 ans et leur entretien par les Eaux et Forêts, on ne parle plus du Riou Bourdoux, sauf pour y faire des randonnées.

 

J'observe qu'on semble avoir oublié cette leçon plus haut dans la vallée de l'Ubaye, car les torrents de Faucon et du Bourget, envahissent régulièrement les terres autour leur lit et passent au-dessus de la route principale qui parcoure la vallée. Les maires accordent des permis de construire dans les zones inondables et il semble que le style des petits barrages du Riou Bourdoux n'ont pas encore été adoptés pour ces torrents.

 

Un exemple d'une toute autre dimension est la construction du barrage de Serre-Ponçon en 1960, après plus d'un siècle d'études. Sa réalisation a été longuement différée parce que les techniques et technologies n'existaient pas encore pour résoudre les difficultés d'une construction sur un terrain incertain et peu solide. Ce barrage a vraiment transformé la vallée de la Durance en domptant le fleuve, régularisant les crues torrentielles de l'amont, éliminant les inondations et en irriguant les terres agricoles sur plus de 100 km. Et grosse cerise sur le gâteau, le lac de Serre-Ponçon est devenu un espace de loisir et de vacances dont le succès grandit chaque année.

 

Clairement, dans chaque cas ci-dessus, on s'est attaqué à la source des catastrophes pour en supprimer les effets de manière durable et avec des conséquences bénéfiques.

 

Pourquoi ne lance-t'on pas un projet de ce type pour supprimer définitivement les conséquences des crues torrentielles et régulariser le débit des cours d'eau dans l'Aude ?

On peut certainement imaginer la construction d'une série de barrages en amont des zones habitées qui pourraient être largement vidés hors de la saison des orages, qui constitueraient des tampons lors des orages avec un débit limité. En parallèle, il serait bon de poursuivre des actions de reboisement des versants pour augmenter la capacité d'absorption des terrains et réduire l'érosion. Et la cerise sur le gâteau serait au moins une production d'électricité à la place de crues désordonnées et dévastatrices.

 

Il semble que l'Etat n'ait pas le courage de lancer ce type de projet et préfère continuer à soigner les effets, alors que les gens du pays peuvent légitimement considérer qu'ils sont abandonnés, au moins partiellement. Le choc des inondations et des destructions massives n'est pas seulement économique, il atteint aussi le moral et la volonté des gens de rester où il sont, dans ces terres auxquelles ils tiennent.

C'est alors à la région et aux collectivités locales de se mobiliser, de lancer des études, d'interpeller EDF pour qu'elle s'attelle à des études concrètes.

Mais vont-ils y aller ou attendre la prochaine catastrophe ?

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