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31 juillet 2015 5 31 /07 /juillet /2015 21:02

Depuis sa création en 2004, Crocus Technology a levé 180 millions €, en 5 tours de table successifs. Le dernier en date, en juin dernier, a fait appel aux mêmes investisseurs qui lui font toujours confiance : Idinvest Partners, Sofinnova Partners, Innovation Capital, NanoDimension, Ventech, CEA Investissement, Rusnano, Industrial Investor Group et Kreos Capital pour un montant de 19 millions €. On remarquera que ces fonds sont tous français ou russes, à l'exception du suisse NanoDimension.

 

Il y a un pas que Crocus n'a toujours pas réussi à franchir, bien que ses dirigeants aient élu domicile à Santa Clara en Californie : convaincre des investisseurs américains du potentiel de Crocus. Et pourtant, les dirigeants semblent avoir d'excellents carnets d'adresse, étant passé au cours de leurs carrières par les majors du monde des semi-conducteurs : Motorola, AMD, Intel, Texas Instruments, Samsung Semiconductor, ST Micro et Gemalto. Cela ne semble pas suffisant.

 

Crocus Technology a été fondée par Jacques Noels pour exploiter et développer la technologie des Mémoires magnéto résistives (MRAM) issue du laboratoire Spintec à Grenoble. Ce laboratoire est commun au CEA LETI, CNRS, Université Joseph Fourier et l'INPG.

Jacques Noels est un vieux routier des semi-conducteurs qui a dirigé la division EMEA de Texas Instruments, la division composants de Thomson et a participé à la création de ST Microelectronics. Il fait maintenant partie du conseil d'administration de Crocus avec des représentants des investisseurs.

 

Depuis 2004, Crocus a affiné sa technologie qui semble avoir des avantages considérables : fonctionnement à haute température (jusqu'à 250ºC), non-volatile, vitesses de lecture et écriture élevées, durée de vie illimitée, insensibilité aux rayons ionisants, faible consommation. Les MRAM sont utilisables en mode NAND, NOR ou XOR. Ce dernier mode présente notamment une sécurité plus grande que les mémoires Flash non volatiles, étant plus résistante aux tentatives de modification des données.

Crocus a d'abord lancé la production chez un partenaire israélien Tower Jazz Semiconductor, puis en 2011 signé un accord avec le fonds souverain Rusnano pour construire une usine en Russie via une filiale commune Crocus Nano Electronics détenue à 51% par Crocus.

En 2013, Crocus et IBM deviennent partenaires, ce qui a permis à Crocus de lancer fin 2014 de nouveaux capteurs magnétiques qui visent des applications de détection de courant, rotation, vitesse ou permutation pour les moteurs industriels, chargeurs de batterie, outils électriques et dispositifs médicaux.

Crocus fonde de grands espoirs sur ces nouveaux produits, s'adressant aux spécialistes de la sécurité numérique (Gemalto, Oberthur Technologies, Morpho…), aux intégrateurs de solutions complètes de semi-conducteurs (Qualcomm, Broadcom…) et aux constructeurs d’objets connectés.

 

Elle a pour objectif d’entrer en bourse dans 3 ans. et son plan stratégique de développement prévoit un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros dans cinq ans, les ventes de 2014 étant seulement à hauteur de 7 millions €.

 

Point positif : il semble que de nombreux acteurs s'activent dans ce domaine : Samsung, Toshiba, Everspin (issue de Freescale, anciennement Motorola Semiconductor). Mais est-ce vraiment avec une vision industrielle à court terme ?

 

On peut souhaiter bonne chance à Crocus, mais il n'est pas certain que le marché soit vraiment prêt à adopter ces produits d'un nouveau genre. Rendez-vous dans quelques mois ...

 

 

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