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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 14:32

Avec l'arrivée des directives Bâle III – pour les banques, et Solvabilité II – pour les assureurs, une source de financement de long terme pour les entreprises va peu à peu se tarir. En effet, comme on l'a vu dans un article de ce blog d'il y a quelques mois (Solvabilité II, un risque majeur pour le financement des entreprises), les assureurs et les banquiers, si ils souhaitent conserver dans leurs portefeuilles d'investissement une quantité importante d'actions et de parts d'entreprise, devront augmenter considérablement leurs fonds propres pour couvrir le « risque » associé à ces investissements. Augmenter ses fonds propres pour les banquiers et les assureurs, ce n'est pas une opération anodine : cela signifie recourir à des augmentations de capital sur le marché boursier, diluer les actionnaires antérieurs et in fine, réduire la rentabilité de l'investissement de l'ensemble des actionnaires, avec le risque non négligeable que personne ne se présente pour acheter les nouvelles actions et investir.

 

On notera au passage le caractère tragi-comique de ces contraintes puisque les obligations d'Etat détenues par ces mêmes banques et assurances ne sont pas soumises aux mêmes exigences pénalisantes ; alors que, depuis quelques mois, dans un grand mouvement moutonnier, le « marché » considère les obligations d'Etat comme risquées, même celles des Etats-Unis qui a partiellement perdu sa note AAA. Simultanément, beaucoup de grandes entreprises ont une meilleure notation – elles sont donc considérées comme moins risquées que de nombreux Etats et pas seulement la Grèce ; cela relève d'une certaine logique : en effet on observera que les entreprises fortement implantées dans de nombreux pays, possèderont intrinsèquement un caractère de risque plus faible qu'un pays donné pris dans son ensemble ; l'activité de ces entreprises est en quelque sorte diversifiée entre de nombreux marchés ; il en résultera un lissage de leur performance : qu'un pays soit en récession, les autres pays pourront compenser. Il n'en est pas de même d'un pays dont l'Etat aura été mal géré, où par exemple la dette aura explosé.

Les « marchés » ont aussi intégré un facteur qui pénalise les Etats : l'incapacité des politiques de gérer leur Etat sur le long terme ; en comparaison, les entreprises même les plus grandes, font preuve d'une réactivité et d'une agilité cent fois supérieures, ce qui leur permet d'adapter leur stratégie aux divers environnements économiques.

Alors pourquoi les régulateurs se sont-ils focalisés sur le risque d'investissement des banques et assureurs dans les entreprises ? Pour protéger le consommateur ? Il s'agit alors d'une erreur grave, car pour ce dernier, le risque le plus grand est le déclin économique et si les entreprises ne peuvent plus financer leur développement, c'est le déclin qui surviendra.

 

En fait la question essentielle est : comment orienter l'épargne vers le financement de long terme des entreprises ? Sur cette question, en France, les politiques et l'Etat sont de grands fautifs en accordant des largesses fiscales à certaines catégories d'investissement : ainsi ce sont les Caisses d'Epargne, l'assurance-vie (investie surtout en obligations) et l'immobilier qui drainent l'essentiel de l'épargne au détriment de l'investissement dans les entreprises.

 

L'arrivée de nouveaux fonds : les fonds d'entrepreneurs

 

Heureusement, une nouvelle race de fonds d'investissement commence à émerger dans lesquels de nouveaux souscripteurs prennent la place des banques et assureurs ; ces souscripteurs sont des entrepreneurs, des dirigeants et des groupes familiaux – les family offices. Ils apportent non seulement leur argent mais aussi leur expérience, leur expertise, leur carnet d'adresses. Et, avantage complémentaire, certains d'entre eux participent au financement des jeunes pousses très tôt, avec les business angels et restent présents à l'occasion de levées de fonds successives. Ils interviennent donc dans le « trou dans la chaîne de financement » - l'equity gap, entre les business angels et les capital-risqueurs.

 

 

 

CapHorn Invest

Fa Dièse

ISAI

Jaina Capital

Kima Ventures

Ticket (montant des investissements)

1 – 2 mil€

200 k€ - 1 mil€

500 k€ - 1,5 mil€

100 k€ - 1 mil€

100 k€ 200 k€ 

Secteurs

Consommation, environnement,

réseaux

Sciences de la vie, développement durable, Internet, logiciels

Internet au sens large

Internet, médias, télécoms, environnement

Internet au sens large

 

Nombre d'investisseurs

120

50

70

Un

Un

 

Parmi ces fonds d'une nouvelle espèce, le dernier né est CapHorn Invest. Alors que les autres fonds ont plutôt une sensibilité technologique et accompagnent souvent les jeunes pousses avec les business angels, CapHorn propose d'engager des montants plus importants dédiés au développement commercial. Cette approche est particulièrement bénéfique, car les créateurs d'entreprise focalisent fréquemment leurs efforts sur le développement des produits, alors que le développement commercial est essentiel pour le futur et requiert généralement des fonds bien plus importants.

 

Appel à mes lecteurs

 

J'invite mes lecteurs à me signaler par leurs commentaires si ils connaissent d'autres fonds d'entrepreneurs. C'est ainsi que j'ai eu vent de l'existence de Latour Capital (60M€, porté par les fondateurs de www.caradisiac.com et www.leboncoin.fr), Boost & Co (45M€, animé par le fondateur d'Adonix), Dzeta Conseil (avec un ex-dirigeant de Cegelec). Cela me permettra de renseigner les créateurs que je rencontre souvent à financer et à développer plus vite leur jeune pousse. 

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