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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 21:06

Pricewaterhouse Coopers (PwC) et l'association FBN France viennent de réaliser une enquête sur les entreprises familiales françaises en interrogeant 270 dirigeants. Membre du réseau international de 25 associations du Family Business Network (FBN), FBN France fédère les membres familiaux d’entreprises dont le capital est contrôlé par la même famille depuis au moins deux générations ; elle accompagne aussi les familles qui préparent leur première transmission ; sa mission est de favoriser le succès et la pérennité des entreprises familiales.

 

En résumant la définition de la Commission Européenne, sont désignées comme familiales les entreprises contrôlées par un ou plusieurs membres d'une famille, qu'ils soient de la première génération ou des suivantes. En France, elles représentent 83% des entreprises (60% en Europe).

 

En préambule, on notera que les seules indications sur la population des dirigeants interrogés, sont que le chiffre d'affaires de leur entreprise est compris entre 10 millions € et 1,5 milliards €, qu'ils sont de la 1re à la 4e génération et dans toutes les régions de France et dans tous les secteurs. Aucune autre information n'est fournie tendant à déterminer le caractère représentatif de l'échantillon. On peut penser que les personnes interrogées sont des membres de FBN France, mais ce n'est pas certain. 

Les résultats devront donc être interprétés avec prudence et plutôt en termes qualitatifs, en tant qu'indicateurs de tendance.

 

Une croissance supérieure à la moyenne, tirée par l'international

 

60 % des dirigeants interrogés confirment une croissance supérieure à 5 % de leur chiffre d’affaires 2011 par rapport à 2010, 33 % d'entre eux, une croissance supérieure à 10 % et 7% supérieure à 25%. Les deux facteurs dominants pour les entreprises de croissance sont la présence à l'international et la taille (supérieure à 50 millions €). On ne s'en étonnera pas ! Il existe bien sûr un « cercle vertueux » : à partir d'une certaine taille sur son marché, une entreprise a la capacité d'investir en développement international, elle aborde alors un potentiel beaucoup plus large qui se retrouve dans une croissance plus dynamique.

Le caractère ambitieux et dynamique de l'échantillon des dirigeants interrogés se confirme par le fait que 57 % d’entre eux annoncent une stratégie de croissance et d’expansion pour 2012, en hausse par rapport à 2011 (53%).

 

Il y a 20 ou 30 ans, on constatait que la présence à l'international se résumait souvent par une activité en Europe et dans les pays francophones, en Afrique en particulier. Cette situation a considérablement évolué : 51% des répondants sont en Asie et 39% en Amérique du Nord. A l'évidence, la « grande exportation » se développe.

 

Une relation privilégiée avec les banques

 

Il est tout à fait remarquable que plus des 3/4 des dirigeants interrogés considèrent leurs banques comme de véritables partenaires qui savent s’adapter à leurs besoins et y répondre rapidement et efficacement, capables de les accompagner dans le développement de leur entreprises. Il semble que cette relation de confiance se soit bâtie au fil des années, parfois depuis plusieurs générations..

Il est aussi certain que ces entreprises présentent un risque faible pour les banques.

 

Et l'autofinancement ?

 

Les auteurs de l'étude décernent un étrange satisfecit aux entreprises, en prétendant qu'elles affichent un taux important de réinvestissement des bénéfices. 

Les chiffres en parlent autrement : 57% des répondants ont réinvesti de 1 à 10% des bénéfices sur les deux derniers exercices. Ce qui signifie en fait qu'entre 90 et 99% des bénéfices ont été versés en dividendes pour les actionnaires. Et seuls 17% des répondants ont réinvesti 25% ou plus des bénéfices. Aucune information n'est donnée sur les entreprises qui auraient réinvesti 50% ou même 100% de leurs bénéfices.

On est loin du comportement des entreprises de forte croissance, les fameuses gazelles, qui devraient réinvestir la totalité de leurs bénéfices pour financer leur développement, la récompense venant pour les actionnaires au moment de la mise en bourse ou du rachat de leurs parts.

Contrairement à ce que prétendent les auteurs, même les entreprises familiales, supposées les mieux gérées et ayant une stratégie de long terme, s'autofinancent peu en France. Il en résulte qu'elles manquent de fonds propres !

Ce qu'il en ressort, ce que nous savons par d'autres études, c'est que les entreprises françaises même familiales ont une rentabilité faible et des bénéfices limités, ce qui les oblige à les utiliser en grande partie pour rémunérer les actionnaires et à avoir recours au financement bancaire pour leur développement. Voilà en corollaire, l'explication du « message d'amour » envoyé aux banques.

 

Une volonté de transmission familiale

 

Les répondants appartiennent pour 36% à la 1ère génération, 26% à la 2è et 38% au-delà. 58 % des dirigeants de 1re génération ont déclaré vouloir transmettre à la génération suivante. Ce taux apparaît très élevé et s'explique certainement parce qu'il s'agit sans doute de membres de FBN France qui adhèrent à l'Association justement pour qu'elle les aide à transmettre à leurs enfants.

Il me semble par contre symptomatique du tissu des entreprises françaises que les entreprises de 3è génération et au-delà soient minoritaires : il témoigne de la difficulté en France de transmettre au delà de 1, 2 ou 3 générations.

Il est certain qu'un effort est fait pour impliquer la nouvelle génération dans l'entreprise et la préparer à prendre les rênes. C'est ce qu'on répondu 53% des dirigeants. 

Toutefois 1/4 d'entre eux sont prêts à considérer ou ont déjà recours à un DG externe pour se donner du temps et identifier le repreneur au sein de la famille.

 

Alors se pose la question du financement de la transmission : le pacte Dutreil institué seulement en 2003, est cité comme étant un élément important. Il permet en effet de réduire de 75% la valeur pour le calcul des droits de mutation, de l'entreprise donnée aux héritiers, à condition que ces derniers s'engagent à conserver les titres. Mais on sait pas vraiment si il est largement utilisé. Il semble cependant que le pacte Dutreil soit insuffisant pour la transmission des grosses PME et ETI familiales. 

Favoriser la transmission familiale est un chantier encore inachevé et pourtant stratégique pour la pérennité des entreprises et de l'emploi.

 

 

 

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