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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 19:57

Le 7 décembre 2015, pendant la COP21, la Maire de Paris et le PDG d'Air Liquide ont inauguré la première station de recharge d'hydrogène place de l'Alma à Paris, destinée à la flotte de 5 taxis de la société STEP (Société du Taxi Electrique Parisien). Ces taxis sont des Hyundaï ix35 FCEV (FuelCell Electric Vehicle), surnommés "hype".

L'ix35 FCEV, un gros "SUV" 5 places, est caractérisé selon Hyundaï, par une autonomie de 594 kilomètres, une vitesse de pointe de 160 km/h et une accélération de 0 à 100 km/h en 12,5 secondes. Le plein d'hydrogène s'effectue en 3 minutes. Comme toutes les voitures à hydrogène, elle n'émet que de la vapeur d'eau.

 

Présentée pour la première fois au Salon de Genève 2010, la version à hydrogène du ix35 va être produite en 1000 exemplaires. La plupart des constructeurs ont des développements en cours sur des véhicules à hydrogène, essentiellement sur le coeur de la technologie qu'est la pile à combustible. Honda a déjà lancé la FCX Clarity en 2008 et la produit en petite série. Toyota qui a introduit la Mirai en 2015, a noué un partenariat avec Mercedes qui a commencé une petite série de Classe B en 2010. Un des obstacles qui apparait comme en partie surmonté, est le coût élevé de la pile à combustible dû à la quantité de platine utilisé.

 

Mais l'obstacle le plus important à la diffusion des véhicules à hydrogène est l'absence d'infrastructure de distribution et de stockage, un des freins étant le coût élevé des stations services (1 million €). En Allemagne qui est très engagée pour développer cette infrastructure, il n'y avait que 25 stations à la fin de 2015.

 

Créée en 2009, STEP a d'abord lancé en 2011 avec l'appui de PSA, une flotte de taxis composée de Citröen C-Zero. Cette initiative audacieuse n'a cependant pas eu le succès escompté. Cela s'explique en particulier parce que le C-Zero est un véhicule de petit taille, inférieur à la norme des taxis, notamment pour la taille du coffre à bagages. Sa faible autonomie (140km), la durée de 30mn des recharges rapides, le nombre limité de postes de recharge, sont également des facteurs négatifs.

 

Donc fin 2015, avec le partenariat d'Air Liquide, STEP tente de se relancer avec un nouveau type de taxi électrique. Il est certain qu'il est plus prometteur : le service fourni par ces voitures à hydrogène est quasiment le même que celui des taxis traditionnels, diesel ou essence. Son prix est relativement élevé : 66 000 € duquel il faut déduire un bonus de 6 300 € plus une prime de 7 000 € accordée par la Ville de Paris aux taxis électriques. STEP annonce qu'elle aura 70 ix35 supplémentaires d'ici la fin de 2016. Air Liquide indique qu'elle envisage d'installer 3 stations à hydrogène haute pression (700 bars) supplémentaires dont une à CDG et une à Orly.

 

On peut parier qu'Air Liquide va soutenir cette aventure avec détermination car l'enjeu est important pour elle qui a investi dans de nombreux pays, piloté plusieurs expériences et créé de nombreuses infrastructures d'alimentation en hydrogène (75 stations à ce jour). Par exemple au Japon, elle a déjà ouvert 6 stations et le pays envisage la construction de 100 stations d'ici 2017. L'hydrogène y est principalement obtenue à partir de résidus de bois, donc sans effet sur l'environnement.

 

Une importante question est celle de l'origine de l'hydrogène qui sera utilisé dans les transports. Air Liquide comme ses grands concurrents Air Products, Linde et autres, produit de l'hydrogène depuis longtemps pour les raffineries de pétrole : cet hydrogène rentre dans le traitement des hydrocarbures pour les rendre plus légers. Il est obtenu par réformage du gaz naturel, réaction chimique qui produit également du CO2. L'électrolyse de l'eau est une voie possible sans production de CO2, notamment associée aux installations d'énergie renouvelable - éoliennes et panneaux solaires, qui peuvent produire de l'électricité à des moments où les besoins sont faibles. Un autre voie qui semble avoir beaucoup d'avenir mais en est actuellement au stade de la recherche : l'électrolyse de l'eau à haute température dans les centrales nucléaires de 4ème génération. On peut imaginer qu'aux heures creuses, ces centrales nucléaires produisent de l'hydrogène et qu'aux heures de forte consommation, elles alimentent à 100% le réseau électrique. Les experts indiquent que l'industrialisation de ce procédé ne sera possible qu'en 2030, c'est-à-dire demain. On voit que tout un ecosystème se développe autour du transport à hydrogène, avec des possibilités de production sans effet de serre. Il contribuera certainement dans les décennies à venir à réduire la production de CO2 tout en satisfaisant les besoins de transport et de mobilité.

 

En post scriptum, on notera que quatre artisans taxis parisiens se sont équipés en 2014 de Tesla S. Les caractéristiques de la Tesla S en font un véhicule adapté au métier : autonomie de 480km, coffre de large capacité. Le prix de ces voitures : 95 000 € ne facilite pas les choses. Mais le surplus de coût par rapport aux taxis traditionnels serait compensé par l'économie en carburant et en maintenance. N'ayant pas de nouvelles de l'expérience de ces artisans, on ne peut en tirer de conclusions ...

 

 

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