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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 21:15

Pendant plus d'un siècle, l'industrie de la chaussure a dominé l'économie de la région de Romans sur Isère, avec notamment Charles Jourdan créée en 1921. Employant près de 5 000 personnes en 1950, l'industrie commence à souffrir de la concurrence étrangère au début des années 70. A l'image de l'industrie régionale, Charles Jourdan connait des difficultés ; les trois fils ayant succédé à leur père Charles, sont en désaccord et un concurrent américain Genesco prend le contrôle de l'entreprise en 1971 alors qu'elle emploie 2000 personnes dans la région. Le long calvaire de Charles Jourdan s'achève en décembre 2007 avec la mise en liquidation judiciaire et le licenciement de ses 197 derniers employés.

 

C'est à ce moment-là que Christophe Chevalier rachète à la barre une ligne complète de confection de chaussures et lance un atelier artisanal avec une dizaine de travailleurs qualifiés. On est loin d'un concept industriel mécanisé où le savoir-faire disparaît. Dans l'atelier, 4 personnes seulement interviennent successivement dans la fabrication d'une chaussure.

C. Chevalier, un enfant du pays dont le père a créé un foyer de jeunes travailleurs, a lancé en 1987 une association d'aide à la réinsertion, puis le groupe Archer à l'activité multiforme avec plus de 15 entreprises, plus de 300 employés et un chiffre d'affaires de 9 millions d'euros.

 

L'atelier de chaussures croule parait-il sous les commandes, visant une production de 5 000 chaussures en 2013. Le nombre de modèles est limité, ils sont tous en peau de veau entier, doublés cuir tannage naturel. Il y a trois segments de clientèle : la sous-traitance pour les marques Kelian et Jourdan, celle pour les petits créateurs toujours présents dans la région et sa propre marque « Made in Romans » née en 2010 et commercialisée dans des boutiques à Romans, Paris, Valence et sur Internet. Les coûts de production tournent autour de 50-60 € et, grâce à un accord de modération avec les boutiques, les prix de vente se maintiennent à un niveau parfaitement compétitif (119 € à 175 €) avec les chaussures équivalentes fabriquées en Asie.

 

Selon C. Chevalier, il est très important d'ancrer l'organisation de la production au niveau local et de travailler au maximum avec les fournisseurs de la région : 90% des matériaux nécessaires (hors les semelles) proviennent de moins de 20 km à la ronde. La conception des chaussures mobilise les stylistes et modélistes de Romans. L'objectif est avant tout de développer un artisanat et non une production industrielle, qui, selon le dirigeant, ne peut pas avoir d'avenir à Romans. Il est envisagé d'ouvrir un autre atelier sur le même modèle qui s'ajoutera au premier, avec la même qualité et la même réactivité.

 

Dans l'atelier de chaussures comme dans ses autres activités, le groupe Archer (*) est attaché aux principes de l'économie sociale et solidaire avec de faibles écarts de salaires entre tous les employés et le réinvestissement de l'essentiel des bénéfices. Cela ne décourage pas les actionnaires qui sont plus de 60 à soutenir le groupe. Au-delà de ses quelques 15 entreprises qui vont des services à la personne à l'entretien des espaces verts ou à la sous-traitance industrielle, le groupe a mis en place une sorte de portage des artisans indépendants en leur offrant des services notamment administratifs qui leur permettent de consacrer un maximum de leur temps à leur activité productive et à leur savoir-faire.

 

Selon les statistiques citées par les media, 2,35 millions de personnes travailleraient en France dans l'économie sociale et solidaire au sein de 215 000 établissements, 440 000 emplois auraient été créés en 10 ans. Je me permets d'en douter : ces chiffres recouvrent surement des réalités très diverses. Et le groupe Archer est un exemple assez unique, résultant d'un certain nombre de facteurs favorables : une activité anciennement industrielle qui peut se configurer sous la forme artisanale, un tissu de fournisseurs locaux, un réseau régional solide de soutien. A la base, il y a surtout l'esprit entrepreneurial assez extraordinaire de Christophe Chevalier.

Il faut tout de même constater que le résultat est limité pour ce qui est de la fabrication de chaussures : 10 emplois créés en 5 ans alors que l'industrie employait directement 5 000 personnes il y a 50 ans.

 

(*) On peut en savoir plus sur le groupe Archer dans le livre L'Economie qu'on aime.

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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 20:15

Pour de nombreux dirigeants et politiques, le rachat de Pechiney par Alcan en 2003 et la disparition de ce groupe plus que centenaire, fleuron de l'industrie française, a été un traumatisme. Et longtemps après, on en parle encore. L'État a été blâmé pour avoir laissé filer cette entreprise « stratégique », alors 3è producteur mondial d'aluminium.

 

Fondée en 1855 sous le nom de Compagnie des Produits Chimiques d’Alais et de la Camargue par Henry Merle et Jean-Baptiste Guimet, la société s'est rapidement lancée dans la production d'aluminium qui était alors un métal plutôt précieux car très coûteux à extraire de la beauxite produite en Provence. Devenue Pechiney en 1950, la société se lance dans des diversifications et des fusions-acquisitions majeures comme celle d'Ugine Kuhlmann qui lui donnent une allure de conglomérat et la fragilisent financièrement. Après la nationalisation en 1982, on assiste à un recentrage sur l'aluminium jusqu'à la privatisation en 1995. Mais malgré sa position forte de producteur, la rentabilité du groupe est médiocre et le canadien Alcan n'en fera qu'une bouchée en 2003, la payant 4 milliards € alors qu'Alcan en vaut près de 10 fois plus. Le groupe minier Rio Tinto rachète ensuite Alcan en 2007 et Pechiney disparaît encore plus.

 

Puis RioTinto qui a avalé Alcan pour 38 milliards $, décide de se séparer de toute la branche produits usinés nommée Alcan EP qui comprend de nombreux actifs de Pechiney, la considérant comme non stratégique ; c'est en effet bien loin du métier d'exploitant de mines qui est celui de Rio Tinto ! En 2011, le fonds d'investissement Apollo pour 51% et le FSI (l'Etat français) pour 9,4%, prennent le contrôle d'Alcan EP et le renomme Constellium. Il y a 10 000 employés dont 5 000 en France et un centre de recherche de 600 personnes à Voreppe (Isère).

 

Cette affaire a été présentée comme une sorte de rachat par la France du Pechiney parti en 2003. En fait, il ne s'agit que d'un petite partie de l'ancien groupe, dépendant de fournisseurs comme Rio Tinto (ou Rusal le russe qui est maintenant nº1 mondial) pour son métal et les alliages. Dans la filière aluminium, la technologie et la recherche se situent essentiellement dans la production du métal et des alliages. L'usinage de produits est une activité aval, proche des industries et entreprises utilisatrices : aéronautique, automobile, équipements pour le bâtiment, emballage, dont la valeur ajoutée est moins importante.

Il ne s'agit donc pas du tout de la reconstitution d'un groupe d'envergure mondial, intégré et aux laboratoires de recherche puissants, tel qu'était Pechiney.

 

Bénéficiant du développement de ses clients notamment dans l'automobile haut de gamme et l'aéronautique, le situation de Constellium s'est redressée avec un chiffre d'affaires de 3,61 milliards € et un résultat net de 142 millions € en 2012 après 4 années de pertes. Cela lui a permis de s'introduire en Bourse à New York et sur Euronext Paris (uniquement pour les professionnels) le 23 mai 2013. Le FSI en a profité pour en remettre une couche, en augmentant sa part du capital à 12,5%.

 

En parallèle, Constellium poursuit ses restructurations avec la mise en vente d'usines en France, à Ham (Somme) et à Saint Florentin (Yonne), son siège social est Schiphol-Rijk (Pays-Bas). Manifestement, pour cette entreprise, bien que sa clientèle soit plutôt « haut de gamme », la question de la compétitivité des sites français se pose avec acuité. Et si rien de plus n'est fait, les sites industriels français risquent de fermer les uns après les autres, Constellium déplaçant ses centres de production là où la compétitivité est la meilleure, afin de conserver ses marchés où elle est souvent numéro 1 comme les panneaux pour l'aéronautique. Comme l'a expliqué récemment son dirigeant, Pierre Vareille, avec l'argent levé en Bourse, la cible est le marché de l'automobile américain et le développement dans l'emballage en Chine ; les investissements iront donc d'abord dans cette direction.

 

On peut se demander à quoi sert l'investissement du FSI dans ce paysage, sinon à une tentative d'empêcher ou de freiner la fermeture de sites en France ainsi qu'une sorte de revanche sur l'histoire. Simultanément, l'introduction en Bourse n'a fait l'objet d'aucune promotion vis-à-vis des épargnants français, à l'opposé du temps des privatisations. De ce point de vue là, il ne s'agit sûrement pas de la renaissance de Pechiney. Décidément, Constellium n'est pas un groupe ancré en France, c'est un groupe mondial qui vise les marchés à potentiel pour son développement.

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 23:07

Sigmaphi est une entreprise qui poursuit sa route sur sa niche avec persévérance et succès. Créée en 1981 à Vannes, reprise en 2001 par Jean-Luc Lancelot, ingénieur de Centrale Lyon, elle conçoit et réalise des aimants de forte puissance pour les centres de recherche comme le CERN près de Genève ou le CNAO en Italie (Centre Italien d'Hadronthérapie Oncologique).

 

L'hadronthérapie est une nouvelle thérapie des tumeurs cancéreuses utilisant des particules lourdes, les hadrons, qui attaquent les cellules malades avec plus d'efficacité que les particules utilisées en radiothérapie, avec notamment un pilotage sélectif permettant de frapper quasiment uniquement les cellules malades, minimisant ainsi les dégâts dans les tissus sains. Le synchotron du CNAO équipé par Sigmaphi est le fruit d'une collaboration européenne entre l'INFN (Institut italien de Physique Nucléaire), le CERN, le GSI (Allemagne), le LPSC (France) et l'Université de Pavie. Le CNAO a commencé de recevoir des patients fin 2010.

 

Le métier de Sigmaphi est très spécial et il n'y a pas plus de 10 concurrents dans le monde. Son chiffre d'affaires est en croissance rapide depuis 2009, où l'activité a subi une baisse très sensible (–40% par rapport à 2008) : les ventes ont progressé de 3,7 millions € en 2009 à 12 millions en 2012.

Manifestement, la société s'est organisée en se tournant résolument vers l'international (95% des ventes), une unité de production en Chine et une filiale à Tokyo. Elle vient de se signaler par le rachat d'une division du groupe américain Bruker à Wissembourg, en Alsace, qui réalise des équipements électroniques de puissance. Bruker est un spécialiste de l'imagerie et des aimants supraconducteurs pour la RMN (résonnance magnétique nucléaire). Il apparaît que l'objectif de Sigmaphi est de mieux maîtriser les technologies permettant de piloter et contrôler ses aimants de forte puissance.

 

Après une phase de stabilisation et d'innovation au début des années 2000, Sigmaphi est maintenant sur une rampe de croissance et de leadership avec deux pôles d'activité : la recherche en physique des particules et les technologies médicales de thérapie et de diagnostic avancées.

 

On peut souhaiter que de nombreuses PME industrielles suivent la même chemin que Sigmaphi, en s'ouvrant aux marchés mondiaux, sur des niches très ciblées où la concurrence est peu nombreuse et la notoriété mondiale. Ces niches de petite taille n'intéressent pas les grands groupes mais sont souvent en croissance et de taille suffisante pour libérer un espace de développement significatif.

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11 mai 2013 6 11 /05 /mai /2013 18:07

Je recommande à ceux d'entre vous qui projettent de visiter New York de faire un tour sur la « High Line ». Il s'agit d'une voie ferrée désaffectée qui a été transformée en jardin suspendu, traversant les rues du sud-ouest de Manhattan, entre la 12è et la 30è rue.

 

A l'origine, à partir de 1850, la voie ferrée au niveau du sol, le long de la 10è Avenue, irriguait ce district de Manhattan avec de nombreux trains de marchandise, rendant la circulation dangereuse au point qu'on l'avait surnommée Death Avenue. Dans le cadre d'une rénovation majeure, en 1930, la High Line a été reconstruite à 10 mètres au-dessus du sol, sur une vingtaine de kilomètres, reliant directement les entrepôts et les usines au port de St John's Park sur l'Hudson. Avec la concurrence croissante des camions, la High Line a été abandonnée en 1980.

 

Depuis 1999, l'association « Friends of the High Line » milite pour la sauvegarde et un autre usage de la voie, soutenue par la ville de New York et son maire Michael Bloomberg, par l'Etat de New York et par la compagnie de chemin de fer CSX qui a fait don de la voie à la ville en 2005. Le jardin a finalement été ouvert au public en 2009.

 

Voilà une belle histoire de transformation urbaine, qui valorise un quartier peu connu de New York, un partenariat « public-privé » réussi.

 

On ne peut s'empêcher de lui comparer la situation de la Petite Ceinture à Paris. Construit à la même époque que la voie de la 10ème Avenue, le chemin de fer de Petite Ceinture a été pleinement opérationnel jusqu'en 1934. Il a été ensuite partiellement abandonné, avec la démolition du viaduc d'Auteuil et du pont du Point du Jour vers 1960 et la vente à la Ville de Paris de la section entre l'avenue Henri Martin et la gare d'Auteuil.

 

Il reste 23 km de voie, largement inutilisés depuis 20 ans. L'Association de Sauvegarde de la Petite Ceinture, fondée en 1992, milite pour de nouvelles utilisations combinant un aménagement d'espaces verts et l'intégration de cette voie dans le système de transport parisien. La Ville de Paris avance ses projets de son côté, avec la réalisation du tramway T3, et des idées de démantèlement de la voie ferrée exprimées par la candidate socialiste à la Mairie pour 2014. Et un troisième acteur, la région Ile de France, via son récent Schéma Directeur (SDRIF), voté le 25 octobre 2012, souhaite que la Petite Ceinture soit rénovée pour le transport du fret et l'évacuation des déchets. Cette cacophonie typiquement française, augure mal de l'avenir. Comme souvent, les parties semblent incapables de se mettre d'accord sur une solution. Qu'en sortira-t'il au final ?

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 11:22

Le modèle du financement participatif des installations d'énergie renouvelable se développe partout dans le monde. Sauf en France, où il en est aux premiers balbutiements ; on peut se demander pourquoi ?

Le principe est celui du crowdfunding évoqué il y a quelque temps, orienté vers le financement de parcs éoliens, de centrales solaires ou de biomasse : les particuliers participent directement aux projets de petite ou moyenne importance sous la forme de prêts ou en fonds propres. Les rendements des prêts sont intéressants, souvent supérieurs à 5%.

 

Les investisseurs sont fréquemment les habitants mêmes de la région où le projet va être installé. D'une part, cela permet de franchir plus facilement tous les obstacles qui pourraient bloquer l'implantation d'un parc ou d'une centrale : les habitants sont sûrement les mieux placés pour choisir les meilleurs emplacements et limiter les recours et les contentieux ; d'autre part, l'énergie produite est destinée naturellement à ceux qui ont investi et à leur voisinage, même si on passe nécessairement par le revente à l'EDF ou son équivalent. Les structures qui collectent les fonds et qui vont jusqu'à la réalisation des projets sont généralement des coopératives ou des associations.

 

En ce moment, Valorem et l'association Energie Partagée lancent des projets en France.

Valorem emprunte la voie du moindre risque en levant des fonds auprès de particuliers pour substituer une partie des fonds propres qu'elle a engagées dans la réalisation d'un parc qui existe déjà : le parc éolien d'Arfons-Sor dans le Tarn. Le risque est réduit pour le particulier : il s'agit d'un emprunt obligataire d'un rendement de 5,25%, le parc restant la propriété de Valorem qui assure le risque industriel. Le dirigeant de Valorem prétend qu'il agit ainsi pour rassurer ses banquiers !

Cette levée de fonds va permettre à Valorem de récupérer des fonds propres pour investir dans de nouveaux projets éoliens.

Les motivations de Valorem me paraissent ambigües : elle semble vouloir profiter de l'accueil favorable des investisseurs envers les projets d'énergie renouvelable, la levée directe auprès de particuliers lui permettant de réduire considérablement le coût de la dette, avec des taux de 6 à 7%. Valorem conserve le contrôle du projet et bien sûr l'essentiel du bénéfice.

 

L'association Energie Partagée fondée en 2010 par un groupe de pionniers de l'investissement dans les énergies renouvelables, couplée avec la société Energie Partagée Investissement, a levé des fonds à hauteur de 2,6 millions € en 2012. Elle a déjà soutenu 5 projets solaires photovoltaïques. Elle participe actuellement au projet de parc éolien de Béganne dans le Morbihan qui est porté par une association d'habitants et elle instruit plus de 20 projets.

 

Ces initiatives font vraiment figure de prototypes dans le paysage français alors qu'en Allemagne, plus de 800 coopératives d'habitants seraient déjà opérateurs d'installations qu'elles ont financées. Et au Danemark, un grand parc éolien est la propriété de 100 000 familles. Il semble que l'Allemagne et l'Europe du Nord soient vraiment en avance. L'Angleterre débute avec le lancement récent d'organisations comme Abundance (www.abundancegeneration.com). Aux Etats-Unis, on attend toujours la mise en application du Jobs Act, encore entre les mains du SEC, l'organe de réglementation et de contrôle des marchés financier. Des sociétés comme le site Internet Mosaic n'ont pas attendu et ont lancé des projets photovoltaïques en proposant des emprunts obligataires au public.

 

Ce qu'on peut vraiment souhaiter, c'est que l'Etat français joue vraiment son rôle en créant les conditions de succès de l'énergie participative, c'est-à-dire notamment une fiscalité stable, un prix de rachat de l'électricité stable et un environnement juridique et financier facilitant la levée de fonds tant en capital qu'en emprunt auprès du public, des habitants et des riverains des projets. Il y a encore du chemin à faire.

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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 15:36

Il est un domaine en France où l'innovation, la recherche, le financement semblent à la hauteur de la compétition internationale : les biotechnologies. De nombreuses jeunes pousses émergent, se développent souvent en abordant très vite l'international ; elles lèvent les fonds dont elles ont besoin pour leur développement et vont ensuite jusqu'à l'introduction en Bourse.

Ainsi un cercle vertueux s'instaure : les investisseurs en capital risque n'hésitent pas à aller avec ces entreprises car ils ont une bonne chance de rendre leur investissement liquide via la Bourse. Les jeunes entreprises de biotech étant relativement nombreuses en Bourse, elles sont suivies par nombre d'analystes qui entretiennent l'intérêt des détenteurs d'actions par leurs articles et leurs avis dans les media.

Mais le panorama ainsi décrit est-il aussi rose ?

 

 

SuperSonic Imagine

 

Fondée en 2005 et basée à Aix-en-Provence, SuperSonic Imagine est un spécialiste de l'échographie dont la technologie Aixplorer® lancée en 2009, permet d'enregistrer des images 200 fois plus vite que les appareils existants. Il en résulte une meilleure capacité de visualiser et analyser de façon fiable et en temps réel, et ainsi de meilleures performances en diagnostic de nombreuses pathologies notamment le cancer. Il s'agirait là de la première rupture technologique dans l’univers de l’échographie depuis 20 ans !

Il est certain que des progrès en échographie sont les bienvenus, car c'est une technologie bien moins coûteuse que la résonance magnétique nucléaire (IRM) et moins dangereuse que les rayons X (scanners).

Plus de 500 systèmes ont été vendu et SuperSonic Imagine a réalisé des ventes de 14 millions € en 2012, en croissance de 40% et à 80% à l'international.

 

Accompagnée par ses investisseurs historiques les fonds Auriga Partners, Omnes Capital, CDC entreprises, NGBI Ventures, Wellington Partners, Edmond de Rothschild Investment Partners, IXO Private Equity et Merieux Développement, et par le FSI (qui a mis 14 millions €) et par Alto Invest et KLSC (Kuwait Life Science Company), SuperSonic vient juste de lever 28 millions € pour accélérer la commercialisation de ses produits à l'international.

 

Il semblerait qu'une introduction en Bourse soit envisagée, ce qui serait le bienvenu pour les investisseurs, toujours soucieux de pouvoir sortir. Ce qui serait aussi favorable au développement, car cela facilite l'accès à de nouveaux capitaux et l'actionnariat individuel. Mais combien de temps, cette « gazelle » va t'elle rester indépendante ? Les mastodontes de l'équipement médical que sont Siemens, General Electric, Philips, Toshiba, doivent surveiller cette étoile de près. La nouvelle présence du FSI au capital est peut-être une indication que l'imagerie médicale est considérée en haut lieu comme stratégique, plus de 20 ans après la vente de Thomson Médical à General Electric.

 

 

Gensight Biologics

 

De création encore plus récente, en 2012, Gensight Biologics a levé 32 millions € avec 4 investisseurs internationaux : Novartis Venture Fund, Versant Ventures, Index Ventures and Abingworth LLP. Cette jeune pousse hébergée par l'Institut de la vision à Paris, bénéficie du parrainage de nombreux experts du monde entier en thérapie génique et cible le traitement des maladies des yeux. Les fonds collectés vont cette fois-ci financer en priorité les travaux de recherche et les essais cliniques. Les deux premiers projets portent sur la neuropathie de Leber et la rétinite pigmentaire.

 

 

MedDay

 

Dernière en date, MedDay a collecté 8 millions € auprès des fonds InnoBio (géré par CDC Entreprises) et Sofinnova Partners, afin de poursuivre les essais cliniques de trois candidats-médicaments, dont l'un est en phase IIb/III pour le traitement de la sclérose en plaque progressive et les autres visent un sous groupe de psychoses résistantes et la maladie d’Alzheimer.

Medday a été créée en 2012 par le Dr Frédéric Sedel, neurologue à l'Hôpital de La Pitié Salpètrière, et est incubée à l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière.

 

On notera qu'Innobio a été créée en 2009 dans le cadre du Grand Emprunt, à l'initiative de Nicolas Sarkozy avec une dotation de 139 millions € dont 52 millions par le FSI et le reste par 9 grands labo pharmaceutiques dont 25 millions chacun pour Sanofi et GSK.

Naturellement, lors de la création d'Innobio, France Biotech s'est inquiétée de la présence des labos pharmaceutiques et du fait que la dotation de l'Etat soit insuffisante. A l'évidence, il s'agit là d'une posture, car France Biotech devrait savoir que le FSI a des moyens limités et que ce n'est pas l'Etat qui va financer le développement des biotechs en France ! Gensight Biologics et SuperSonic Imagine l'ont bien compris qui sont allé chercher des investisseurs partout dans le Monde.

 

Le rôle de l'Etat est de constituer un cadre pour faciliter les investissements dans les entreprises d'avenir ; en particulier, de faire revenir les particuliers en Bourse par un traitement équilibré de la fiscalité des investissements. Depuis quelques années, et plus particulièrement ces derniers temps, malheureusement on n'en prend pas le chemin ! Ceci permettrait de prendre le relai des investisseurs le moment venu, au lieu de laisser partir ces belles affaires potentiellement créatrices de nombreux emplois, dans le giron des groupes étrangers.

La santé, les biotechnologies, ce sont pourtant des thèmes porteurs susceptibles de séduire de nombreux actionnaires individuels en puissance.

Le succès de certaines introductions en Bourse comme celle de Carmat (prothèses de coeur), les projets en cours comme celui de SpineGuard (chirurgie du rachis), de récentes levées de fonds comme 7,5 millions € par Théravectys (vaccin anti Sida) et 25 millions € par Cellectis (ingénierie du génome) auprès d'investisseurs individuels de tous horizons en sont témoins. Qu'attend-on pour le faire ?

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 17:33

Est-ce le signe d'un nouvel élan donné à une énergie souvent considérée comme pleine de promesses : la Ministre de l'Ecologie a signé il y a quelques semaines, deux nouveaux permis exclusifs de recherches de géothermie profonde à haute température ?

Deux jeunes entreprises ont obtenu ces permis : Electerre de France créée en 2011 par Olivier Bouttes, pour le « Permis de Chaudes Aigues-Coren » dans le Massif Central et Fonroche créée en 2008 par Yann Maus, pour le « Permis de Pau-Tarbes » dans les Pyrénées.

18 autres demandes de permis sont en cours de traitement par le Ministère.

 

 

Le projet de Soultz-sous-Forêts


A l'origine de cet élan, il y a l'aboutissement de 25 ans de travaux et d'essais en Alsace, à Soultz-sous-Forêts, près de Pechelbronn où a été foré le premier puits de pétrole en France ; Pechelbronn où les frères Schlumberger ont développé leur technique de mesure des propriétés des roches traversées lors des forages, qui a été le point de départ d'une des plus belles histoires industrielles du XXème siècle.

Ce projet a été lancé en 1985 par le BRGM (bureau de recherches géologiques et minières) et 80 millions € cofinancés par l'Allemagne (25 M), la France (25 M) et l'Europe (30 M), y ont été investis ; il a abouti en 2010 avec la mise en service d'une centrale électrique pilote produisant 1,5 MW en permanence, d'une manière durable et naturellement sans dégagement de CO2.

Le système fonctionne en boucle fermée, un puits injecte jusqu'à 5 000 m de profondeur de l'eau salée qui est portée à 200ºC et qui remonte par un autre puits distant de 450 m. L'eau arrive à la surface à 170ºC et passe dans un échangeur qui transfère la chaleur à un fluide spécial (l'isobutane) qui se détend dans une turbine entrainant un alternateur et produisant l'électricité. Une pompe reprend l'eau en sortie de l'échangeur et l'envoie dans le puits d'injection à 70ºC.

Ce type d'installation dit en cycle binaire ou ORC (Organic Rankine Cycle) est une première mondiale !

 

 

Un défi technologique

 

De nombreux problèmes techniques ont dû être résolus, notamment liés au caractère corrosif de l'eau chargée de sel circulant dans la boucle (100 g/litre), ce sel provenant des roches traversées à 5 000 m de profondeur. La corrosion est accentuée par la haute température, le débit relativement élevé (35 litres/s), la forte pression dans les canalisations (20 bars à la surface du sol). Il arrive que les dépôts bloquent les canalisations ou provoquent l'arrêt de la pompe.

A Soultz, la nature de la roche à 5 000 m de profondeur et l'évolution de la température sont bien connues grâce à l'exploitation du pétrole dans la région ; en particulier, la roche est naturellement fracturée et relativement perméable. Ce qui a bien sûr réduit les frais de recherche : les puits ont été forés avec une quasi certitude de résultat.

 

 

Les avantages de l'électricité géothermique

 

A l'opposé du solaire et de l'éolien, une centrale géothermique fournira une puissance électrique constante, jour et nuit, quel que soit le temps. On peut même imaginer que la puissance soit relativement modulable à terme selon la puissance mise en oeuvre par le système de pompage. A ce titre, sa contribution sera similaire en termes de régularité, à celle d'une centrale nucléaire.

Certains sites sont plus favorables avec des gradients de température de l'ordre de 10ºC par 100 m mais la température augmente partout lorsqu'on pénètre vers le centre de la terre, en moyenne de 3ºC par 100 m.

 

 

Les projets de Fonroche et d'Electerre


Ces projets vont bénéficier de l'expérience acquise à Soultz où tout un réseau d'entreprises a acquis un savoir-faire et où ont été mises en place des solutions techniques qui paraissent opérationnelles et fiables.

Il reste que le sous-sol des régions dans lesquelles les permis ont été récemment délivrés, est beaucoup moins connu. Il va donc falloir utiliser les techniques de prospection habituelles en recherche pétrolière : d'abord essais sismiques puis forage de puits avec une certaine incertitude de résultat, ce qui va induire des coûts supplémentaires par rapport à Soultz.

 

Electerre prévoit des investissements à hauteur de 26 M€, une production de 5 MW (suffisante pour 10 000 habitants) à partir de 2016 et un prix d'achat de l'électricité garanti de 0,20 € /kWh. Il espère obtenir de l'eau à 160-200ºC à 3000 m de profondeur.

Fonroche projette une stratégie bien plus ambitieuse avec une dizaine de permis d'exploitation demandés, des investissements programmés de 400 M€ et la création annoncée de 500 emplois. Il est d'autant plus crédible qu'il s'appuie sur une réussite dans d'autres domaines d'énergie nouvelle : centrales photovoltaïques, éclairage par candélabres solaires autonomes, biogaz. Il est soutenu par le fonds d'investissement Eurazeo qui a participé en 2010 à une augmentation de capital de 50 M€. Le groupe affiche une belle croissance de 30 M€ en 2009 à 257 M€ en 2011 et 260 employés dont 25 en recherche et développement. Une vraie gazelle en somme !

 

Tout ce qu'on peut souhaiter, c'est que les entreprises françaises et notamment Electerre et Fonroche développent un savoir-faire et un leadership dans cette nouvelle technologie de production d'énergie qui paraît pleine d'avenir. On notera que nous avons dans notre entourage, des entreprises leaders dans les technologies de forage, d'échange thermique et de turbines. Le développement de la géothermie repose notamment sur l'analyse des roches à grande profondeur, la mise en oeuvre de matériaux résistant à la corrosion et tous les technologies et savoirs-faires entourant le forage. Ce sont des domaines où une expertise de haut niveau existe dans les entreprises françaises ou internationales ayant un ancrage fort en France.

On peut souhaiter l'émergence de plus nombreux projets et d'un plus grand nombre de jeunes pousses qui se lançent sur ce marché en France et à l'international. Fonroche qui a déjà des filiales en Suisse, Espagne, Ukraine, au Bénin, en Inde, à Porto Rico et aux Etats-Unis est un bel exemple.

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 20:52

Selon une étude récente de l'OCDE, les économies des Etats-Unis, de l'Allemagne et de la France ont cru en 2012 respectivement de 1,9%, 0,4% et de –0,3%. Les prévisions pour le premier et le deuxième trimestres 2013 sont pour les mêmes, en rythme annualisé  : +3,5 et 2% (Etats-Unis), 2,3 et 2,6% (Allemagne), –0,6% et 0,5% (France) ; il y a clairement une divergence croissante entre la France et ses deux partenaires économiques principaux.

 

Et pourtant, nos gouvernants répètent à l'envi qu'ils mettent tout en oeuvre pour stimuler la croissance et conjurer le chômage et réclament des mesures européennes pour les aider dans leur efforts de stimulation. A voir les perspectives allemandes et celles d'autres pays du « noyau dur » de la zone Euro (Autriche, Finlande, Pays-Bas), ces réclamations ne risquent pas d'être satisfaites, nos amis européens considérant que la croissance est au rendez-vous pour eux et qu'aucun changement de politique n'est nécessaire. Plus que jamais, le dicton « Aide-toi le ciel t'aidera » devrait inspirer nos politiques : c'est à nous de traiter nos problèmes qui sont nombreux, comme les autres les ont traités, alors la croissance appelée de nos voeux sera plus sûrement au rendez-vous.

 

 

Les coûts de main d'oeuvre 

 

Un exemple remarquable est celui des coûts de main d'oeuvre. Le diagramme ci-dessous fait apparaître la grande divergence apparue entre 1999 et 2012 entre les pays du noyau dur, ceux du sud de l'Europe et la France : index 112 en 2012 pour les premiers, 132 pour les seconds et 130 pour la France. L'écart de compétitivité est de 18 points en défaveur de la France par rapport au noyau dur. On voit clairement l'impact des 35h qui a augmenté les coûts en 2 ans autant que 13 ans d'évolution pour le noyau dur.

Couts MO

 

Si le crédit d'impôt compétitivité apporte vraiment un gain de 4%/6% comme on nous le prétend, cela sera cependant loin d'être suffisant pour remonter le handicap de l'économie française face à ses voisines.

 

 

Le levier de l'emploi public

 

Si l'on examine l'évolution récente des Etats-Unis, il semble qu'il existe un élément très puissant conduisant à la croissance et à la réduction du chômage. Et ce qui est remarquable est qu'il est totalement sous le contrôle des gouvernants : il s'agit de l'emploi public.

Point n'est besoin de l'aide des pays voisins, de manipuler les taux de change, de provoquer de l'inflation :     réduire la charge de l'emploi public, c'est un moyen qui paraît efficace si l'on regarde ce que les Etats-Unis ont réussi à accomplir.

Entre 2010 et début 2013, les Américains ont supprimé 1.2 millions d’emplois dans le secteur public, faisant passer le nombre de fonctionnaires de 23 millions à 21.8 millions. En parallèle, 5.2 millions d’emplois ont été créés dans le privé avec une progression de 129 millions d’emplois à plus de 134 millions d’emplois.

On notera que cela a été accompli sous la présidence d'Obama qui n'est pas particulièrement réputé comme un militant du « moins d'Etat » – c'est plutôt le fond de commerce des républicains.

On constate un ratio de un à 5 : 5 emplois privés ont été créés aux Etats-Unis dans le même temps où un emploi public a été supprimé.

A comparer avec la France : 100 000 emplois ont disparu en 2012 (on prévoit 152 000 destructions en 2013) après une stagnation en 2010 ( +32 000 emplois créés) et en 2011 (+ 27 000 emplois), soit une perte de 41 000 emplois entre 2010 et 2012. Dans le même temps, l'emploi public est resté quasiment inchangé, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux étant compensé par la croissance des emplois dans les collectivités locales. Nous avons 6 à 7 millions de fonctionnaires et employés payés par l'argent public.

Rèvons une minute : supprimons 300 000 emplois publics (soit l'équivalent de ce qui a été supprimé aux Etats-Unis), en admettant la même efficacité, il serait possible de créer 1,5 millions d'emplois privés, soit un solde net de 1,2 millions.

 

 

D'où vient l'effet de levier ?

 

Quelques pistes :

- un emploi privé est nécessairement financé par un besoin ou justifié par la création de valeur qu'il apporte. Si le besoin n'existe plus ou si la création de valeur disparait, l'emploi correspondant est supprimé. Qu'en est-il de l'emploi public ?

- l'emploi public consomme des ressources financées par l'impôt qui est prélevé sur le secteur privé et réduit sa capacité de croissance.

 

 

 

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 16:26

Le mois dernier, Xerox a annoncé l'acquisition d'Impika. Qui est Impika me direz-vous ?

 

Créée en 2003 à Aubagne, près de Marseille, par une équipe issue de Gemplus (devenue Gemalto après fusion avec l'ancienne division cartes à puces de Schlumberger), Impika a toutes les caractéristiques d'une gazelle, dont nos politiques appellent la multiplication de leurs voeux depuis quelque temps ; elle possède une technologie de pointe dans l'impression numérique à jet d'encre à grande vitesse (375 m/minute), qui permet le dépôt rapide et sans bavure de microgouttes sur tout type de supports : papier, verre, plastique, tissus, carrelage, bois, etc. ; cette technologie est protégée par une quinzaine de brevets, le marché potentiel est, selon le dirigeant fondateur Paul Morgavi, de plusieurs dizaines de milliards d'euros ; une application phare est le remplissage à grande vitesse d'imprimés à données variables : passeports, feuilles d'impôt, relevés bancaires et téléphoniques, adressage marketing.

Avec un effectif de 55 personnes, son chiffre d'affaires 2012 a été de 16,6 millions € dont 80% à l'export.

 

Donc, un potentiel de croissance important, une technologie de pointe en avance sur les leaders de l'impression numérique (Xerox, Canon, HP, Ricoh), une présence déjà significative à l'international, une taille déjà respectable, c'est certain, une gazelle en puissance !

 

Mais ce n'est plus une gazelle, car elle vient de perdre son indépendance. Naturellement, on nous gave de promesses : l'usine d'Aubagne va doubler de taille, les effectifs vont passer de 55 à 80 personnes ; désormais filiale de Xerox, elle va pouvoir pénétrer de nouveaux clients ; avec plus de moyens, le développement va être plus rapide ; Paul Morgavi va rester à la tête de l'entreprise. Enfin de quoi endormir nos bureaucrates du ministère du redressement productif.

 

On notera que, lors de deux tours de table en 2005 et 2007, Siparex, Turenne Capital et Xange ont apporté 8 millions d'euros de fonds propres qui ont permis à Impika d'industrialiser sa technologie et de faire décoller ses ventes. Naturellement, ces trois acteurs étant des gestionnaires de fonds d'investissement de type FIP, FCPI, FCPR, ils doivent rendre l'argent investie aux souscripteurs après 6 à 8 ans ; donc vendre leur participation à Xerox a sûrement été très attractif, en particulier pour compenser les pertes sur d'autres dossiers. On peut penser que le FSI n'a même pas été consulté, de toutes façons, il n'aurait sûrement pas eu les moyens de se mesurer avec Xerox. Au passage, il faut bien aussi se dire que Xange est une filiale de la Banque Postale, détenue par l'Etat !

 

A l'évidence, la stratégie d'Impika ne va plus être décidée à Aubagne mais à Norwalk (Connecticut), au siège de Xerox.

Paul Morgavi va dépendre de Jeff Jacobson, président de Xerox’s Graphic Communications Operations mais qui n'est qu'un vice-président parmi une quarantaine d'autres dans un groupe de 160 000 employés et 23 milliards $. Xerox a développé une technologie similaire mais complémentaire, d'impression à jet d'encre à base de résine (sans eau), à grande vitesse (150 m/minute), protégée par 3000 brevets (à comparer aux 15 brevets d'Impika !) : le système CiPress™ 500 lancé en 2011. Les laboratoires de recherche sont situés à Wilsonville (Oregon), à Toronto et à Webster (New York). Xerox s'appuie sur des études qui prévoient que le marché de l'imprimerie de production à jet d'encre va croître de 21% par an jusqu'en 2015 !

L'acquisition d'Impika permet, selon Xerox, d'offrir à ses clients la gamme la plus complète de systèmes d'impression numérique.

 

Que va t'il se passer, si le marché pour les systèmes d'Impika décolle vraiment ? Xerox va t'il continuer d'investir en R&D et en production à Aubagne ? Le centre de décision est parti et avec lui, la perspective des marchés et la façon de concevoir l'avenir. Impika va clairement être absorbée rapidement dans la grande organisation de Xerox. Elle arrive au moment où il faut pour Xerox, avec des produits industrialisés qui peuvent être pris en charge par l'organisation commerciale de Xerox. L'organisation commerciale bâtie par Impika n'a sans doute plus lieu d'exister par elle-même et va être absorbée.

 

Voilà donc où va partir l'innovation et la R&D tant vantée par nos politiques pour assurer le développement de notre industrie et la croissance de l'économie !

 

Vous me direz peut-être : quelle autre possibilité avait l'équipe dirigeante d'Impika pour mener le développement de l'entreprise ? Eh bien, il existe une histoire similaire qui a très heureusement débouché vers un leader mondial dont le siège est toujours en France, avec des ventes de 2 milliards d'euros. Il s'agit de Dassault Systèmes qui pendant longtemps, s'est appuyée sur le réseau mondial d'IBM pour commercialiser ses produits. Grâce à cet arrangement, pendant des années, Dassault Systèmes n'a pas eu besoin de construire un réseau commercial important – ce qui extrêmement coûteux, et a pu investir en développement et prendre un leadership technologique incontestable sur son marché.

Lorsque Impika a été approchée il y a 2 ans par Xerox pour commercialiser ses systèmes d'impression, pourquoi ses dirigeants ne se sont-ils pas inspirés de la stratégie mise en oeuvre par Dassault Systèmes il y a 30 ans ? La réponse réside probablement dans la volonté entrepreneuriale et de poursuite d'une vision stratégique qui existe chez Dassault Systèmes et non chez Impika. Si la volonté avait été présente, je suis certain que les dirigeants auraient trouvé une solution pour la reprise des participations des fonds d'investissement et auraient pu poursuivre le développement de leur gazelle.

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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 21:09

Le projet d'extension de Roland Garros a du plomb dans l'aile : par un jugement du 28 février 2013, le tribunal administratif de Paris a déclaré illégale la délibération du Conseil de Paris des 11 et 12 juillet 2011 qui autorisait le Maire à signer avec la Fédération de tennis la convention lui permettant d'étendre le site du Master sur terre battue et d'empiéter sur le jardin des Serres d'Auteuil.

 

Cette annonce qui intéresse quand même les Parisiens n'a pas eu droit à beaucoup de publicité sur les ondes et les lucarnes. Je parie que le Maire de Paris leur a dit de se taire et qu'elles ont obéi.

 

On aimera apprendre que le tribunal a notamment jugé insuffisante la redevance prévue, surtout au regard d'une concession étonnante de 99 ans ! Du jamais vu. Au passage, la concession actuelle signée en 1963 se termine en 2015 : il va falloir se dépêcher pour trouver une solution, au rythme où vont les choses dans cette affaire.

 

L'autre motif important est que la Ville a omis d'informer les conseillers sur l'inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques du sol du jardin des serres d’Auteuil et sur le risque que cela fait courir à la Ville elle-même. En effet, il faudrait mettre en oeuvre une procédure de radiation partielle du sol du jardin. Si cette procédure n'aboutissait pas, le projet serait remis en question et la Ville devrait une forte indemnité à la Fédération !

 

Le tribunal a aussi observé que la Ville n'a pas du tout pris en compte le coût de la réalisation d'installations qui remplaceraient le stade Hébert et permettraient aux scolaires de continuer à pratiquer un sport.

 

La Ville va bien sûr faire appel, mais une procédure à la Cour administrative d'appel, cela dure longtemps, deux ans peut-être !


On notera que le gouvernement de Monsieur Sarkozy n'était pas contre le projet, en particulier la Ministre de l'écologie de l'époque qui n'était autre que NKM. Le Maire du 16è a aussi voté pour. Pauvres Parisiens ! Voilà que NKM revient à la charge en se disant candidate à la Mairie.

Il va falloir se battre avec la dernière énergie si la droite et la gauche restent liguées pour réaliser ce programme de fou. Mais il est possible que les Ecologistes au Conseil de Paris se réveillent ?

 

Entre nous, je serais à la place de la Fédération, je considèrerais sérieusement les autres options, notamment celle de Versailles, avec ses 35 hectares, avant qu'il ne soit trop tard. C'est-à-dire que le Master sur terre battue parte à Madrid. Même si cela coûtera plus cher.

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