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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 11:22

Le modèle du financement participatif des installations d'énergie renouvelable se développe partout dans le monde. Sauf en France, où il en est aux premiers balbutiements ; on peut se demander pourquoi ?

Le principe est celui du crowdfunding évoqué il y a quelque temps, orienté vers le financement de parcs éoliens, de centrales solaires ou de biomasse : les particuliers participent directement aux projets de petite ou moyenne importance sous la forme de prêts ou en fonds propres. Les rendements des prêts sont intéressants, souvent supérieurs à 5%.

 

Les investisseurs sont fréquemment les habitants mêmes de la région où le projet va être installé. D'une part, cela permet de franchir plus facilement tous les obstacles qui pourraient bloquer l'implantation d'un parc ou d'une centrale : les habitants sont sûrement les mieux placés pour choisir les meilleurs emplacements et limiter les recours et les contentieux ; d'autre part, l'énergie produite est destinée naturellement à ceux qui ont investi et à leur voisinage, même si on passe nécessairement par le revente à l'EDF ou son équivalent. Les structures qui collectent les fonds et qui vont jusqu'à la réalisation des projets sont généralement des coopératives ou des associations.

 

En ce moment, Valorem et l'association Energie Partagée lancent des projets en France.

Valorem emprunte la voie du moindre risque en levant des fonds auprès de particuliers pour substituer une partie des fonds propres qu'elle a engagées dans la réalisation d'un parc qui existe déjà : le parc éolien d'Arfons-Sor dans le Tarn. Le risque est réduit pour le particulier : il s'agit d'un emprunt obligataire d'un rendement de 5,25%, le parc restant la propriété de Valorem qui assure le risque industriel. Le dirigeant de Valorem prétend qu'il agit ainsi pour rassurer ses banquiers !

Cette levée de fonds va permettre à Valorem de récupérer des fonds propres pour investir dans de nouveaux projets éoliens.

Les motivations de Valorem me paraissent ambigües : elle semble vouloir profiter de l'accueil favorable des investisseurs envers les projets d'énergie renouvelable, la levée directe auprès de particuliers lui permettant de réduire considérablement le coût de la dette, avec des taux de 6 à 7%. Valorem conserve le contrôle du projet et bien sûr l'essentiel du bénéfice.

 

L'association Energie Partagée fondée en 2010 par un groupe de pionniers de l'investissement dans les énergies renouvelables, couplée avec la société Energie Partagée Investissement, a levé des fonds à hauteur de 2,6 millions € en 2012. Elle a déjà soutenu 5 projets solaires photovoltaïques. Elle participe actuellement au projet de parc éolien de Béganne dans le Morbihan qui est porté par une association d'habitants et elle instruit plus de 20 projets.

 

Ces initiatives font vraiment figure de prototypes dans le paysage français alors qu'en Allemagne, plus de 800 coopératives d'habitants seraient déjà opérateurs d'installations qu'elles ont financées. Et au Danemark, un grand parc éolien est la propriété de 100 000 familles. Il semble que l'Allemagne et l'Europe du Nord soient vraiment en avance. L'Angleterre débute avec le lancement récent d'organisations comme Abundance (www.abundancegeneration.com). Aux Etats-Unis, on attend toujours la mise en application du Jobs Act, encore entre les mains du SEC, l'organe de réglementation et de contrôle des marchés financier. Des sociétés comme le site Internet Mosaic n'ont pas attendu et ont lancé des projets photovoltaïques en proposant des emprunts obligataires au public.

 

Ce qu'on peut vraiment souhaiter, c'est que l'Etat français joue vraiment son rôle en créant les conditions de succès de l'énergie participative, c'est-à-dire notamment une fiscalité stable, un prix de rachat de l'électricité stable et un environnement juridique et financier facilitant la levée de fonds tant en capital qu'en emprunt auprès du public, des habitants et des riverains des projets. Il y a encore du chemin à faire.

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commentaires

W
I am quite impressed with the features of this emerging participatory energy model. It is true that there will always be doubt among the public why it is not in France, which is supposed to be the first country to come up with such excellent ideas!
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