Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 14:50

L'affaire de la viande de cheval mêlée frauduleusement à de la viande de boeuf fait la Une de nos medias ; les industriels de l'agro alimentaire et les grands distributeurs sont largement cités, chacun d'eux essayant de gérer au mieux sa communication. Et pourtant on ne nous parle pas d'un acteur essentiel qui produit les analyses permettant de détecter la présence de cheval : Eurofins Scientific.

 

Le laboratoire d'Eurofins à Ebersberg en Allemagne, qui est spécialisé dans les analyses d'ADN a été le premier indépendant à confirmer la présence de viande de cheval. Depuis cette annonce, la société, s'appuyant sur son réseau de 170 laboratoires dans 34 pays, a déployé son offre de tests y ajoutant celui du Phenylbutazone, un traitement anti-inflammatoire pour les chevaux de course mais interdit aux animaux destinés à la consommation humaine. Il est certain que la règlementation renforcée combinée avec la demande prévisible provenant des acteurs de toute la chaîne de traitement et de commercialisation de la viande, va donner une nouvelle impulsion au développement d'Eurofins.

 

Et voilà qu'aujourd'hui 28 février, Eurofins annonce qu'elle lance la gamme la plus complète de services d'analyse des poissons en réponse à la publication d’études révélant des pratiques frauduleuses sur les produits de la mer ! L'ONG Oceana vient en effet de publier une telle étude qui annonce que 1/3 des poissons consommés aux Etats-Unis ne sont pas ce qui est annoncé sur les étiquettes. S'agit-il d'un effet d'annonce de la part d'Oceana faisant écho à l'affaire de la viande de cheval en Europe ? On peut penser que l'étude d'Oceana a été lancée bien avant les révélations sur le cheval qui datent du 16 janvier. Ne va-t'on pas voir aussi déferler une nouvelle fièvre en Europe sur la qualité du poisson que nous mangeons ?

 

Ce qui est certain est que notre camarade Centralien, Gilles Martin, fondateur d'Eurofins Scientific doit se frotter les mains. Le marché qu'il a choisi d'investir et de développer il y a longtemps, à la fois par croissance interne et par acquisition, celui de l'analyse des produits agro-alimentaires et pharmaceutiques, est en plein développement. Dans ce domaine, il dame le pion aux généralistes comme Bureau Veritas ou SGS. Il est aussi leader mondial des services d'analyses environnementales en laboratoire. A l'évidence, avec des chaînes d'approvisionnement et de traitement de plus en plus  longues et compliquées, l'analyse des produits alimentaires a de beaux jours devant elle.

 

Pour l'instant, Eurofins poursuit sa croissance échevelée déjà évoquée lors de l'installation du siège de l'entreprise à Luxembourg début 2012. Son chiffre d'affaires qui a été multiplié par 150 en 15 ans, est passé de 828 millions € en 2011 à plus d'un milliard en 2012. Le plan est de dépasser les 2 milliards € en 2017 !

 

La stratégie monolithique d'Eurofins

 

La stratégie d'Eurofins est fondée sur la multiplication des laboratoires d'analyse dans le plus grand nombre de pays et dans une nombre croissant de spécialités, le tout interconnecté par une informatique en réseau performante. Ce qui permet de mettre à disposition du maximum de clients l'ensemble des tests et analyses développés par l'entreprise.

Ce système repose obligatoirement sur un processus d'échantillonnage chez les clients, un envoi au laboratoire qui effectue les analyses et qui retourne les résultats avec un certain délai. Il y a là trois inconvénients majeurs : l'échantillonnage, le transport et le délai. L'échantillonnage introduit nécessairement une incertitude sur le résultat final car il est une image partielle de l'ensemble à tester, le transport peut amener une altération des échantillons et le délai limite la capacité de réaction sur les produits testés, qui sont par exemple déjà vendus ou à l'inverse bloqués en attente des résultats. Bien sûr, on observe des progrès en termes de coûts et de rapidité. Par exemple il y a douze ans, vérifier la présence de dioxines coûtait 1.000 € et demandait deux mois. Aujourd'hui, le prix est de 200 à 300 € et le test prend 48 heures. On est malgré tout encore loin du temps réel !

Cette stratégie fondée sur l'analyse en laboratoire laisse la place à de nouveaux entrants que nous pouvons appeler de nos voeux car ils apporteraient un vrai plus : il s'agirait de disposer de systèmes de test et d'analyse in-situ, si possible en continu. Les clients auraient alors la capacité de vérifier immédiatement et par eux-mêmes, par exemple les produits qui leur sont livrés ou ceux qui sont en stock ou sur les étals de vente. Ces systèmes apporteraient une amélioration notable en termes de réactivité et d'efficacité des contrôles. Il n'est sans doute pas nécessaire qu'ils soient aussi précis que les analyses en laboratoire, ce qui permettrait d'en limiter le coût.

 

Naturellement, on peut souhaiter à Eurofins de poursuivre une réflexion et peut-être des développements dans ce domaine des analyses in-situ en continu. Car négliger cette opportunité risque un jour d'enrayer la belle mécanique de développement de ce leader mondial.

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
I have been reading about the news on forgeries happening in the food processing section. It was shocking to read that horse meat is getting mixed beef. I hope that the authorized people find solution for this issue. Thanks for sharing the news.
Répondre