Un communiqué publié le 8 juin 2011 par l'Oakland Institute, un groupe de réflexion et d'étude californien (un « think tank ») tire la sonnette d'alarme : l'achat de terres en Afrique par des étrangers se poursuit à une échelle toujours croissante. Ainsi en 2009, 60 millions d'hectares de terres cultivables, équivalents à la surface de la France, sont passés sous contrôle étranger, contre moins de 4 millions d'hectares par an avant 2008.
Avec le communiqué, l'Oakland Institute a publié trois rapports détaillés sur l'Ethiopie, le Mali et le Sierra Leone. D'autres rapports suivront dans les prochains mois sur le Mozambique, le Soudan Sud, la Tanzanie et la Zambie.
Il apparaît que d'importantes universités américaines comme Harvard et Vanderbilt confient leurs fonds à des hedge funds – dont le londonien Emergent asset management, qui à leur tour négocient des accords pour acheter ou louer d'énormes zones de terre africaine cultivable. Les prix de location pratiqués sont ridiculement bas : $2 par hectare par an en Sierra Leone et $6,75 en Ethiopie. Ceci conduit à l'exclusion des fermiers et au remplacement des cultures vivrières nécessaires aux populations par des cultures industrielles pour l'exportation telles que la production de biocarburant ou de fleurs coupées !
Selon l'Oakland Institute, les investisseurs ramassent les terres les plus fertiles et en attendent des rendements financiers de l'ordre de 25% par an. Le programme d'achat le plus important aurait pris place au Soudan sud où 9% du pays a été acheté sur plusieurs années par une société texanne Nile Trading and Development.
« Personne ne peut croire que ces investisseurs viennent pour aider les africains, pour créer des emplois ou améliorer la situation alimentaire. » a déclaré Obang Metho de Solidarity Movement for New Ethiopia. « La conversion des petites exploitations agricoles et des forêts africaines en investissements à haut rendement fondés sur l'exploitation d'actifs naturels ne peut que provoquer une inflation des prix alimentaires et augmente l'impact sur le climat. » ajoute Anudradha Mittal, directeur de l'Oakland Institute.
On s'aperçoit que ce sont les gouvernements eux-mêmes notamment en Ethiopie et en Tanzanie qui négocient ces accords avec des investisseurs étrangers. Que faire pour que cela cesse ? Faut-il attendre que les populations se révoltent contre cette spoliation organisée ? Une des difficultés est que le droit de propriété dans la plupart des pays africains est mal ou pas du tout établi. Deux voies paraissent les plus aptes à faire bouger les choses : d'une part communiquer comme le fait l'Oakland Institute vers les médias occidentaux et d'autre part aider les agriculteurs africains à développer leurs exploitations tout en les incitant à renforcer leur droits sur les terres qu'ils exploitent.