Le conseil d'administration d'Accor a validé le 15 décembre 2009, le projet de scission entre le pôle services prépayés (notamment ticket restaurant) et le pôle hôtelier du groupe. Ce projet était essentiellement porté par Colony Capital et Eurazéo, deux sociétés de capital-investissement qui possèdent ensemble 30% du groupe.
L'idée centrale de ce projet est que les flux importants de trésorerie provenant du pôle services et servant à financer l'hôtellerie ont conduit à une gestion laxiste de l'ensemble. Une scission permettrait d'introduire une plus grande rigueur de gestion et chaque pôle une fois isolé bénéficierait d'une valorisation en Bourse plus favorable que le groupe actuel avec intégration des 2 pôles. Le PER actuel du groupe est de 10, les promoteurs du projet espèrent une valorisation des pôles séparés entre 11 et 14, sur la base de la performance de concurrents qui se sont déjà recentrés sur un métier. Une meilleure valorisation leur donnera un accès plus facile à un financement en fonds propres de leur développement.
Et plus important, la presse s'est fait l'écho de l'accueil favorable que les fondateurs du groupe, Gérard Pélisson et Paul Dubrule ont réservé à ce projet : les entrepreneurs créateurs du groupe sont en phase avec les capital-investisseurs. Ces derniers sont semble-t-il présents pour le moyen/long terme dans le capital et non pour le court terme comme on a coutume de les présenter.
Seul le représentant du FSI (le fonds souverain à la française, élément clef de la nouvelle politique industrielle) actionnaire à hauteur de 7,5% du groupe s'est opposé à ce projet de scission, sans qu'on puisse savoir ses motivations.
On peut imaginer que le FSI considère que les sociétés issues de la scission seront plus fragiles que le
groupe intégré ou encore que l'emploi sera moins préservé. Mais on répliquera d'une part qu'il y a une probabilité importante qu'un prédateur aurait fait tôt ou tard exactement le même calcul que
Colony Capital et Eurazéo en lançant une OPA sur le groupe pour le démanteler et vendre les pôles séparément avec un excellente plus value – ce qui aurait sûrement fragilisé le groupe ; d'autre
part si une meilleure valorisation est obtenue une fois les pôles séparés, le développement des nouvelles sociétés sera facilité et l'emploi préservé.
Décidément, on se demande quel rôle veut et peut jouer le FSI en possédant une participation très minoritaire dans un groupe comme Accor ; est-ce vraiment faire bon usage de l'argent public ?
Cela pose encore et toujours la question de l'intérêt d'une politique industrielle dont le moins qu'on puisse dire est que ses objectifs sont obscurs et peu transparents.