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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 19:26

L'organisateur du forum bien connu de Davos, le World Economic Forum, vient de publier la version 2012 de son étude annuelle sur la compétitivité des nations. Cette étude est réalisée chaque année en collaboration avec de nombreuses universités, écoles et centres de recherche comme HEC, LSE (London School of Economics), Bocconi (Italie), IESE (Espagne), Tianjin (Chine), etc... ce qui garantit sans doute que les données et les résultats soient d'une bonne fiabilité. Curieusement, aucun organisme américain n'est cité parmi les partenaires de cette étude en 2012.

Ces études sont une mine d'informations sur les forces et les faiblesses des nations, et sûrement une ressource pour les entreprises projetant de se développer internationalement.

 

Le classement des nations

 

Cette année les dix premières sont dans l'ordre : Suisse, Singapour, Finlande, Suède, Pays-Bas, Allemagne, Etats-Unis, Royaume-Uni, Hong-Kong et Japon.

La France se classe au 21è rang derrière notamment le Danemark (12), la Norvège (15), l'Autriche (16) et la Belgique (17). Sept pays de l'UE sont ainsi présents parmi les 20 premiers. Les micro-pays tirent remarquablement bien leur épingle du jeu avec Singapour nº2, Hong Kong nº9 et Quatar 11ème.

 

Les autres pays européens se retrouvent plus loin avec : Luxembourg (22), Irlande (27), Estonie (34), Spain (36), Tchèquie (39), Pologne (41), Italie (42), Malte (47), Portugal (49), Slovénie (56), Chypre (58) Slovaquie (71), et la Grèce (96) en lanterne rouge, ce qui n'étonnera personne ! Cette étude confirme la grande disparité de compétitivité existant entre les pays de la zone euro. On peut bien sûr argumenter sur la méthodologie et les résultats, notamment sur la façon dont les différents critères de compétitivité sont pondérés les uns par rapport aux autres. Mais vu la qualité des contributeurs à ces études, il doit y avoir beaucoup de vrai dans ce qu'elles obtiennent. 

 

La Chine qui fait office d'épouvantail sur la scène économique mondiale est toujours au 29è rang, en progression de 5 places seulement depuis 2007. Ceci tendrait à démontrer que la croissance si chère à nos politiques n'est pas liée à la compétitivité : les économies européennes en croissance faible depuis des années se classent toujours largement devant les 5 BRICS, Brésil (48), Russie (67), Inde (59), Chine et Afrique du Sud (52) dont les taux de croissance sont bien supérieurs.

 

Dans la mesure où la méthodologie est maintenue année après année, il est certainement encore plus significatif d'examiner les évolutions depuis 5 ans (avec les données disponibles sur le site du forum).


Examinons d'abord les pays de la zone euro puis les autres de l'Union Européenne :

 zone€

Le tableau ci-dessus montre que, pour certains pays de la zone euro, l'évolution est défavorable et leur compétitivité baisse par rapport aux autres. Que la Grèce et dans une moindre mesure l'Espagne et le Portugal perdent en compétitivité, ne surprendra personne. Mais d'autres pays qui ne font pas parler d'eux : la Slovaquie, la Slovénie et même l'Estonie sont en perte de vitesse. Seule Malte monte de manière marquante dans le classement. Les autres pays conservent à peu près leurs positions (variations de classement ≤ ±5).

 

L'on parle beaucoup du contrôle du déficit public, de la dette excessive que les Etats de la zone doivent contrôler. On évoque de plus en plus le projet de contrôler les budgets. Mais ne devrions-nous pas examiner aussi la compétitivité des économies, les unes par rapport aux autres et leurs évolutions ? Le budget de la l'UE entretient depuis des années des programmes de soutien des régions aux économies les moins florissantes. Est-ce bien efficace ? On peut en douter.

 autres UE

On voit notamment que les pays de l'Europe de l'Est suivent des voies divergentes : la Pologne est nettement sur la meilleure pente, sa proximité de l'Allemagne et des pays du Nord lui étant certainement favorable, alors que la Tchéquie, initialement en avance sur ses voisines, perd du terrain, la Roumanie est en stagnation à un faible niveau, la Hongrie est sur la mauvaise pente, la Bulgarie est elle sur la bonne voie avec un long chemin à parcourir et les trois pays baltes ont des difficultés.

 

A l'opposé, les pays du Centre et du Nord de l'Europe, apparaissent plus que jamais comme un pôle de super-compétitivité, le Centre-Sud (France, Belgique, Autriche) constituant un étage intermédiaire face au Sud et à l'Est ! Contrairement à ce qu'on en entend sur tous les tons, l'Europe n'est pas en déclin : il y a seulement un découplage entre les pays de tête et les autres, certains comme la France ayant de gros efforts à faire pour rejoindre la tête. 

 

La France

 

La France a perdu 3 places entre 2011 et 2012. C'est en grande partie à cause d'une baisse de la confiance dans les institutions (-4 places) et dans le secteur financier (-13 places). Le point fort reste l'infrastructure en transport, énergie et communications qui est l'une des meilleures du monde (4è).

L'enseignement supérieur, l'apprentissage et la formation continue sont seulement 27è. Les autres points forts sont l'adoption par les entreprises des nouvelles technologies permettant des progrès de productivité (14è) et l'innovation (17è).

Le manque de flexibilité du marché du travail, les médiocres relations entre employés et employeurs (111è) et les systèmes d'imposition aux effets pervers (128è) sont perçus comme affectant le plus la compétitivité de la France. Le lecteur notera qu'il n'est pas question du coût du travail !

 

Le reste du monde et les BRICS

 

On constate que les Etats-Unis perdent des places, en particulier, selon l'étude, à cause de la mauvaise opinion des milieux d'affaires envers les institutions et la classe politique et la crainte d'une mauvaise utilisation des fonds publics. Le manque de stabilité macroéconomique reste la plus grande faiblesse du pays (111è).

 BRICS    

Le pays qui paraît progresser le plus rapidement est le Brésil, gagnant 24 places en 5 ans. A l'évidence, pour un chef d'entreprise contemplant la carte du Monde et se demandant vers quel pays porter ses efforts d'investissement, le Brésil est très attirant, avec cependant encore de grands progrès à faire : faible confiance dans la classe politique, faible efficacité des administrations, trop de règlementations, complexité des procédures pour créer une entreprise, effets pervers des impôts. Mais c'est le 7ème marché au Monde.

 

Les 12 piliers de la compétitivité

 

A partir de nombreux travaux d'économistes depuis des dizaines d'année, l'index de compétitivité globale des études a été déterminé comme une moyenne pondérée de 12 facteurs :

  1. qualité des institutions, efficacité de leur fonctionnement, attitudes des gouvernements envers les marchés, indépendance du système judiciaire ;

  2. infrastructure efficace et largement implantée ;

  3. stabilité de l'environnement macroéconomique, niveau de la dette publique et des déficits, des taux d'intérêt, de l'inflation ;

  4. santé publique et qualité du système d'enseignement primaire ;

  5. qualité de l'enseignement supérieur, de l'apprentissage et de la formation continue ;

  6. efficience des marchés de produits et services, niveau de concurrence et des interventions étatiques ;

  7. efficience et flexibilité du marché du travail

  8. degré de développement des marchés financiers, qualité du secteur bancaire ;

  9. rapidité et capacité d'adoption des nouvelles technologies, amélioration de productivité ;

  10. taille du marché, permettant des économies d'échelle ;

  11. degré de sophistication de l'environnement des affaires, profondeur des réseaux, qualité des stratégies d'entreprise et de leur fonctionnement ;

  12. innovations techniques et non techniques (savoir-faire, conditions de travail, …)

 

En regardant ce qui se produit autour de nous depuis quelques mois et en le mettant en perspective avec les 12 piliers de la compétitivité, il y a ample matière à s'inquiéter de l'évolution de l'environnement économique. Sur quels piliers y a t'il eu des progrès ? Ne constate-t'on pas qu'il y a un plus grand nombre de piliers en régression ?

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