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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 21:03

Il n'y a pas qu'en Inde qu'il y a des vaches sacrées. Les banques centrales ont elles aussi leur vache sacrée : ce fameux 2% d'inflation qui est censé être leur objectif.

Soyons concret, par exemple si chaque année pendant 35 ans, nous avons 2% d'inflation, les prix auront doublé – il s'agit en effet de pourcentages composés qui se cumulent en se multipliant année sur année et non en s'additionnant. La valeur de la monnaie sera donc divisée par deux.

 

En pratique, qui profite de l'inflation ?

- de loin les États les plus endettés ! ce sont les plus gros bénéficiaires et dans ce domaine, l'État français est un champion quasi éternel, que cela soit à l'époque des rois ou depuis que la république a pris leur place.

On se rappelle que, sous la régence du Duc d'Orléans au 18è siècle, le financier Law apporta une belle solution à la royauté impécunieuse qui souhaitait éradiquer la lourde dette laissée par Louis XIV. En créant de la monnaie papier en grande quantité, Law a fait figure de génie, mais il a surtout bien aidé l'État de l'époque.

- les particuliers, notamment ceux qui ont acheté un logement. Leur salaire augmente au moins avec l'inflation mais le remboursement de leur emprunt est figé et la charge de remboursement diminue rapidement grâce à l'inflation.

- toutes les organisations et personnes qui sont endettées

 

et qui est pénalisé ?

- certainement pas les États qui sont toujours endettés

- les particuliers qui ont épargné et placé leur argent "sans risque" dans les caisses d'épargne où les taux sont faibles et souvent inférieurs à l'inflation

- les particuliers qui bénéficient de rentes dont les versements sont constants : avec l'inflation, la valeur des versements diminue

 

Ce fameux 2% d'inflation est parait-il le seul objectif de la Banque Centrale Européenne (BCE). On se demande bien pourquoi le taux a été fixé à 2% ? Jacques de Larosière ancien directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), s'est interrogé récemment en quoi ces 2% étaient justifiés ; ne trouvant aucune justification, il a recommandé de passer à 1%. Ce nouveau standard semble avoir été choisi au hasard, pour se garder du risque de déflation qui serait catastrophique, parait-il.

 

Mais sérieusement y a-t'il un risque de déflation de nos jours ?

Une vraie déflation, c'est une baisse générale de tous les prix. Dans cette situation, tous les agents économiques éviteraient de consommer et d'acheter dans l'attente de prix plus bas. Cette hypothèse se heurte à la réalité d'aujourd'hui : d'une part la population mondiale ne cesse d'augmenter, tous les pays émergents souhaitent rattraper les pays développés, augmenter leur production, faire bénéficier tous leurs citoyens d'un meilleur niveau de vie donc de consommer plus ; d'autre part les ressources de notre planète s'épuisent, donc les coûts d'accès à ces ressources ne font que croître sur le long terme ; de plus, nous sommes dans un monde qui devient de plus en plus un village, où ce qui se passe aux quatre coins de la planète a partout une influence marquante et la déflation en Europe ne peut exister si il y a de l'inflation partout ailleurs

 

Il semble bien qu'en agitant le chiffon rouge de la déflation, les économistes et les banquiers centraux sont dans une bulle isolée de la réalité macro économique mondiale. Et malgré tous ses efforts de création de monnaie, la BCE n'arrive pas à faire remonter l'inflation à son sacré 2%

 

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