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30 novembre 2018 5 30 /11 /novembre /2018 16:11

Il est aisé d'observer qu'avant la révolution industrielle, les capacités de construction de logements, de bâtiments publics, de châteaux, églises et autres monuments étaient limitées : l'on utilisait généralement les matériaux disponibles sur place, la pierre des carrières et le bois des forêts avoisinantes. Faire venir des matériaux particuliers de loin comme le marbre de Carrare ou le bois de cèdre du Liban, était extrêmement coûteux et rare. Par exemple, la présence de nombreux châteaux dans la Vallée de la Loire est bien sûr liée à l'agrément et à la douceur du climat de la région mais elle a surtout été réussie grâce à l'existence de carrières de calcaire au grain fin et à la couleur crème clair, un calcaire facile à tailler et élégant.

 

Avec la révolution industrielle et le développement des moyens de transport et des inventions comme celle du ciment par Louis Vicat ou du béton précontraint par Eugène Freyssinet, la construction métallique et surtout en béton s'est développée rapidement. Cela a permis l'expansion des agglomérations, des bâtiments industriels, des réseaux routiers et ferrés, des ports, des aéroports,...

 

Cette expansion rapide et bénéfique sous bien des aspects, a cependant un coût élevé pour notre planète : les matériaux de construction classiques — le béton, l’acier, et l’aluminium — sont, dans leur fabrication, leur transport et leur mise en oeuvre, la source de 20% des émissions de CO2 dans le monde entier. La fabrication du ciment à elle seule, contribue à 5% des émissions de CO2

 

Si les matériaux de construction deviennent taxés en fonction de leurs émissions de CO2, ce qui paraît normal compte tenu de leur très forte contribution à l'effet de serre, leur coût va augmenter de manière radicale. Il deviendra vite impératif de mettre en œuvre d'autres matériaux. Naturellement tous les cimentiers cherchent à réduire leur dépendance au charbon et à améliorer le rendement de leurs installations. Ce ne sera sans doute pas suffisant.

 

Se présentent à nous plusieurs solutions qui seront complémentaires :

 

Le "ciment vert" que la jeune pousse Hoffmann Green Cement Technologies va commencer à produire dans la première usine pilote de ciment vert inaugurée en novembre 2018, à Bournezeau en Vendée. Elle met en œuvre une technologie développée par le chimiste David Hoffmann et l'entrepreneur Julien Blanchard qui permet de produire du ciment à partir d'argile et d'additifs qui entraînent une activation alcaline de l'argile. Au lieu d'une cuisson longue à 1400°C nécessaire pour produire le ciment traditionnel, le ciment vert nécessite seulement une cuisson flash de 5 secondes à 750°C. Un béton fabriqué avec ce ciment aurait la même résistance à la compression qu'un béton classique mais une meilleure tenue au feu jusqu'à 1 100°C contre 600°C pour le béton classique.

Il en résulte que la production de ciment vert émettrait 4 fois moins de CO2 que le ciment traditionnel.

 

Le bois qui est largement sous-exploité notamment en France, parce qu'il est prétendument moins compétitif. En fait, il est évident, que toutes les entreprises de construction, la plupart des architectes et les fournisseurs de matériaux sont imprégnés par la culture du béton et du métal. Toutes leurs organisations, leur savoir-faire et leurs techniques sont orientés vers son usage. D'autres pays comme les pays nordiques ou l'Amérique du Nord mettent en œuvre la construction en bois depuis de longues années et certainement avec des coûts compétitifs. Avec l'augmentation de la taxe carbone, le bois va devenir plus compétitif, nous deviendrons plus vertueux, et les usages du bois pour la construction décolleront dans notre cher pays. Naturellement, il faudra mieux organiser l'exploitation des forêts pour leur assurer un avenir durable.
Deux difficultés ont limité l'utilisation du bois : sa durabilité limitée et ses propriétés mécaniques parfois incertaines. Il semble que ces dernières deviennent de mieux en mieux appréciées, à la vue du nombre croissant d'immeubles en bois de plus en plus hauts.

 

Le béton de terre est constitué d'argile, de sable, de gravier et d'eau où l'argile joue le rôle de liant, le gravier et le sable le squelette interne et l'eau le lubrifiant. Il est utilisé depuis longtemps sous le nom de pisé ou de torchis. L'ajout d'éléments comme la chaux, la potasse ou la soude, ou de fibres végétales améliorent ses caractéristiques mécaniques. Sa mise en oeuvre est peu consommatrice en énergie mais sa résistance est limitée

 

Le CFS, Carbon Fiber Stone est un nouveau matériau développé par la jeune pousse TechnoCarbon qui présente un ensemble de qualités innovantes qui devraient selon ses créateurs lui permettre de pénétrer une grande part du marché de la construction. Ce matériau combine le granit et la fibre de carbone, un composite plus léger et plus résistant que l'aluminium ou l'acier. Sa fabrication ne rejetterait pas de CO2, la version BioCF bientôt sur le marché, peut même en capturer !

 

 

 

 

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