Depuis environ trente ans, l'écart se creuse entre les entreprises qui réussissent et les autres : c'est ainsi que les inégalités de salaire viennent plus de l'entreprise pour laquelle vous travaillez que du travail que vous faites. C'est ce qu'il ressort d'une étude récente de Nicholas Bloom, professeur d'économie à Stanford : le facteur le plus important de croissance des inégalités au cours des dernières années provient de l'augmentation des différences d'une entreprise à l'autre.
Il y a quelques années, la COO (directrice générale) de Facebook, Sheryl Sandberg déclarait aux étudiants de Harvard qu'en 2001, lors d'un entretien de recrutement avec Eric Schmidt qui venait d'être nommé dirigeant de Google, ce dernier, en réponse à ses objections sur le faible niveau de l'offre qui lui était faite, lui avait dit : ne soyez pas stupide, si on vous propose un siège dans une fusée, ne demandez pas quel siège, montez simplement à bord.
Très souvent, le débat sur l'inégalité des rémunérations se résume au ratio entre le salaire moyen des employés et celui des PDG. Ce débat a fait l'objet des travaux et des publications de spécialistes comme Thomas Piketty. Mais il semble bien qu'ils font fausse route ! Selon Nicholas Bloom, ce facteur est de faible importance : du traitement des données de rémunération de plus de 100 millions d'Américains entre 1978 et aujourd'hui, il est ressorti que 70 à 80% de la croissance des inégalités provient des différences entre entreprises pour lesquelles chacun travaille. Et cette observation est confirmée à l'intérieur de tous les secteurs : par exemple dans un domaine comme la finance, il y a des firmes qui gagnent et d'autres qui perdent.