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29 septembre 2017 5 29 /09 /septembre /2017 20:08

Depuis notre premier article sur Navya, bien des événements se sont produits

Partout dans le monde, des essais sont menés avec des prototypes de véhicule autonome, de la part tant des constructeurs automobiles que des géants des nouvelles technologies comme Google ou de startups innovantes. Dans ce contexte, la jeune pousse Navya a pris de l'avance avec le lancement commercial de son mini bus électrique autonome Arma en octobre 2015. Depuis Navya progresse de succès en succès dans le monde entier et prévoit d'en vendre une centaine en 2017.


Un mini bus sans chauffeur pour 15 passagers, le Navya Arma est conçu pour circuler de 25 à 45km/h, avec une autonomie de 5 à 13h selon les conditions, sur n'importe quelle infrastructure routière, selon la règlementation, sur des sites privés, et quand c'est possible ... sur la voie publique. Créée en juin 2014 à Villeurbanne par Christophe Sapet, Navya bénéficie de plus de 10 ans de recherche en robotique, effectuée par la société Induct dont Navya a repris les actifs et une équipe de développeurs.
 
Christophe Sapet, diplômé de l'EMLyon et de Sup Chimie de Paris, est un entrepreneur expérimenté et un passionné d'automobile ; il a fondé l'éditeur de jeu video Infogrames en 1983 avec Bruno Bonnell, et  en 1995, le fournisseur d'accès Internet Infonie. 
Avec Navya, il s'est entouré d'une équipe d'ingénieurs et d'informaticiens qui dépasse maintenant la cinquantaine et s'est associé avec de nombreux experts en technologie automobile et en logiciels.
Les systèmes de guidage des bus font appel à plusieurs technologies de pointe : trois lidars pour la détection des obstacles, une caméra stéréovision pour analyser la signalisation, un GPS RTK (GPS avec cinématique en temps réel), une IMU (unité de mesure inertielle) et un odomètre pour suivre la vitesse et le parcours du bus, alimentant des logiciels de positionnement, de contrôle de trajectoire et de détection des obstacles combinés à une base de connaissances qui s'enrichit chaque jour. Les déplacements des bus sont contrôlés par un dispositif à distance.
 
A son lancement, Navya a été accompagnée par le fond d’investissement Robolution Capital, dont l'initiateur est Bruno Bonnell ; en janvier 2016, elle a levé 4,1 millions € auprès de CapDécisif Management, du  Fonds FRCI (Fonds Régional de Co-investissement de la Région Ile de France), du holding d’investissement Gravitation, d'un groupement de Business Angels et des salariés de l’entreprise ; en octobre 2016, Navya a levé 30 millions € auprès de ses actionnaires auxquels se sont joints Valeo, Keolis et Group8 - un holding Qatari. Avec les fonds levés, Navya prévoit de se développer à l'international et de poursuivre ses investissements en R&D. Simultanément, des accords de partenariat ont été signés avec les trois nouveaux actionnaires. 

 

Une navette pour le premier et le dernier kilomètre

Ce mini bus électrique est au départ conçu pour le transport de proximité, dans les zones urbaines peu desservies par les transports en commun, les grands sites industriels, les liaisons entre terminaux d'aéroport, avions en stationnement et parkings de véhicules, les parcs d'amusement et résidences de loisirs. Mais il est certain qu'avec les évolutions prévisibles de la législation, le champ des applications s'élargira ...
Le caractère compact du mini bus lui permet de s'insérer facilement sur des parcours très variés et à travers des passages et des rues étroits et sinueux, y compris des pentes raides jusqu'à 15%. Comparés aux bus conventionnels, les mini-bus autonomes pourront être bien plus nombreux, sans personnel supplémentaire, et ainsi permettre d'augmenter la cadence des navettes et réduire les temps d'attente des passagers.
Navya table en particulier sur la croissance rapide de l'urbanisation dans tous les pays qui entraînera toujours plus de besoins en transport idéalement propre et économique. Un mini bus électrique, autonome et compact semble bien adapté à cette évolution. 

Actuellement le prix de vente d'une navette est de 260 000 €, qui est le prix d'un bus conventionnel de taille normale à moteur thermique. Il est certain que, si la stratégie est de remplacer un bus conventionnel par 4 à 6 mini bus, cela va se heurter à un problème de financement, même si le coût opérationnel serait inférieur. A cette objection, Navya a trouvé la réponse en proposant une solution de location longue durée à 9 500 € par mois comprenant l'assurance, la maintenance et le service de supervision.

 

Un mini bus opérationnel 

En novembre 2015, Navya reçoit de CarPostal, une filiale de La Poste suisse, sa première commande de deux navettes. Ces deux navettes nommées Valère et Tourbillon, démarrent leur opération sur la voie publique dans le centre de la ville de Sion en juin 2016. 

Puis, à partir de 2016, plusieurs expériences en partenariat avec des opérateurs de transport de voyageurs ont été lancées : en mars 2016, avec Transdev, 6 navettes électriques sans chauffeur ont été mises en exploitation sur les 220 ha de la centrale nucléaire de Civaux, soit 2,5 km porte à porte, effectuant le transport des personnes sur le site. Assurant un service avec moins de 5 minutes d'attente, elles remplacent avantageusement un bus à moteur diesel qui passait toutes les 15 mn et font ainsi gagner un temps substantiel aux employés de la centrale. Civaux a été ainsi le premier site industriel au monde à faire circuler des véhicules 100% autonomes.

En septembre 2016, Navly, un service gratuit de deux bus sans chauffeur, a démarré à Lyon au sud de la presqu'île, reliant sur 1,3 km la Darse et le sud de la Confluence. Le parcours en site propre est accompli en une dizaine de minutes avec 3 arrêts intermédiaires.

Puis les opérations d'expérimentation se multiplient et débouchent sur de multiples ventes. 

Après des premiers essais à Ann Arbor dans le Michigan, la présentation au CES et un test réussi en janvier 2017 sur Fremont Street à Las Vegas au milieu du trafic normal, Navya a obtenu une autorisation fédérale pour circuler sur route ouverte, lui ouvrant la voie d'abord en Californie et Nevada, puis dans d'autres états ;  cette automne, deux mini bus vont commencer à circuler sur le campus de l'Université du Michigan, dans le cadre d'un partenariat avec Mcity qui est un espace qui simule un environnement urbain au sein de l'université pour conduire l'expérimentation de véhicules autonomes. 

En février 2017, un mini bus a été mis en service sur l'aéroport de Christchurch en Nouvelle Zélande et en mars 2017, deux mini bus ont été vendus à SB Drive, filiale de Softbank au Japon. Ces navettes ont été mises en service cet été dans le Shiba Park de Tokyo.

Puis en juillet 2017, Navya a mis en service à La Défense, 3 navettes pilotées par le STIF. Ces navettes gratuites pendant l'expérimentation qui va durer jusqu'à fin décembre, circulent sur trois trajets différents de 8h à 20h - les jours fériés de 10h à 18h.

A ce jour, Navya a vendu plus de 50 bus, la plupart pour circuler en site propre. En plus de la construction des bus à Villeurbanne, deux sites de production sont en cours de réalisation à Saline près d'Ann Arbor dans le Michigan et à  Adelaide en Australie. Navya avait 140 employés en juillet en prévoit 200 fin 2017, dont 50 sur un nouveau site de production à Vénissieux. Le chiffre d'affaires devrait passer de 4 millions € en 2016 à 20 millions en 2017.

En juillet 2017, les deux mini bus de Confluence avaient transporté plus de 20 000 passagers. Navya en a tiré beaucoup d'enseignements. "Les retours que nous avons pu avoir nous ont permis de procéder à des mises à niveau, concernant le freinage, le chauffage et la clim à l'intérieur des véhicules par exemple. ... Nous avons finalement transporté beaucoup moins d'employés que ce qu'on envisageait. Si l'on veut que la navette intègre le réseau de transport de la ville, il faudra qu'elle soit plus rapide, plus ponctuelle et plus fréquente." a déclaré Christophe Sapet. Et le service va être poursuivi au moins jusqu'à fin 2017.

Il y a certainement encore beaucoup de progrès à faire pour que ces mini bus soient pleinement opérationnels sur les premier et dernier kilomètres et rendent d'appréciables services. Mais les premiers pas réussis de Navya et ceux de concurrents comme Easymile (Toulouse) crédibilisent le concept des véhicules autonomes et le familiarisent auprès du public.

 

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