Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 21:57

Selon l'observatoire 2016 du groupe de réflexion France Biométhane, la production 2015 de biométhane a été de 82 GWh en France, alors qu'elle a dépassé les 10 000 GWh en Allemagne, 2 000 au Royaume Uni et 900 GWh aux Pays-Bas.

 

Le biométhane est un gaz méthane obtenu par épuration du biogaz en séparant le CO2 et le H2S qu'il contient ; ainsi purifié, il peut être injecté dans les réseaux de gaz naturel ou alimenter les moteurs à gaz. Le biogaz est produit par des méthaniseurs qui traitent des déchets de végétaux, des effluents d'élevage, les eaux usées et des cultures dédiées.

 

Depuis 5 ans, le ministère de l'environnement encourage la mise en place d'installations de production de biogaz, notamment dans les stations d'épuration. Une tarification de rachat du biométhane par les distributeurs de gaz a été mise en place en France et l'ADEME fournit des aides à l'investissement.

 

Pourtant, la production de biométhane ne décolle pas ; fin 2015, il n'y avait en service que 20 unités de production contre 190 en Allemagne, chaque unité produisant en moyenne 4 GWh de gaz contre plus de 50 GWh en Allemagne. Manifestement, non seulement la production en Allemagne est plus de 100 fois celle de la France mais les unités sont de bien plus grande taille, plus efficaces et plus rentables ; on en est ici au stade du développement alors qu'au delà du Rhin, on en est au stade vraiment industriel, ce qui permet d'ailleurs de baisser le tarif de rachat du biométhane.

D'autres pays en Europe ont aussi pris une avance considérable : le Royaume-Uni (2 000 GWh), les Pays-Bas (900 GWh), le Danemark (360 GWh), l'Autriche (240 GWh).

 

Nous n'avons pas affaire à un retard technologique pour expliquer cette différence. En fait, comme dans beaucoup de secteurs, on fait face en France à une volonté bureaucratique et centralisatrice (tout est décidé à Paris, au ministère, loin du terrain) couplée à un acharnement procédurier (nombreux recours contre les nouveaux projets) et une posture idéologique (accent sur l'écologie et le développement durable) qui allongent les délais de réalisation, qui compliquent les installations et les rendent moins rentables. En Allemagne, l'accent est mis sur le traitement des déchets végétaux : les installations sont relativement simples et nécessitent peu de maintenance. En France, le traitement de toutes sortes d'effluents, lisiers, boues d'eaux usées, déchets ménagers est encouragé ; il en résulte que les installations sont plus complexes, le coût de leur maintenance est 2 à 3 fois plus élevé, leur rentabilité faible et leur modèle économique incertain ; d'où des difficultés de financement – les banques ayant eu des expériences négatives sur ce type de projet, sont devenues réticentes et les agriculteurs notamment sont démotivés.

 

En 2015, la ministre de l'Environnement a mis en place un Comité national biogaz pour diagnostiquer la situation ; ce dernier parait-il donnera son avis en 2017. Chers lecteurs, ne riez surtout pas !

 

Non seulement, ce retard handicape la capacité de produire du biométhane à un coût qui pourrait devenir à terme compétitif avec celui du gaz naturel ; mais il empêche une industrie naissante de l'ingénierie des méthaniseurs et des purificateurs de biogaz de se développer, alors que les sociétés allemandes concurrentes sont très probablement déjà 10 ou 100 fois plus importantes.

 

On peut rapprocher cette situation de celle des industries des éoliennes et des panneaux solaires en France qui peinent à décoller, à comparer aux industries allemandes qui sont de plus grande taille, se développent à l'international et se battent énergiquement avec les entreprises chinoises. Posons-nous la question : pourquoi ces industries qui n'existaient pas il y a 20 ans, émergent elles si difficilement en France ?

Partager cet article
Repost0

commentaires