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28 février 2015 6 28 /02 /février /2015 18:15

Tronics fondée en 1997 par le Centralien Stéphane Renard, une société spécialiste des MEMS, vient d'être introduite en Bourse avec succès, sur le marché Alternext. Le 10 février, elle a levé 12 millions € alors que la demande s'élevait à 24,2 M€, accueillant Thalès et Safran à son capital et le public à hauteur de 10,9% du capital. Tronics était alors valorisée 45,8 M€.

 

Les MEMS

Réalisés avec les technologies de la microélectronique notamment celles du silicium, les MEMS ou microsystèmes électromécaniques, constituent des capteurs ou des actionneurs de très petites dimensions destinés à être produits en grande série à un faible coût unitaire.

Commercialisés depuis les années 80, les MEMS se sont rapidement développés avec des applications dans de nombreux domaines comme l'automobile, l'aéronautique, le médical, les télécommunications et tout récemment les smartphones, tablettes, drones et objets connectés. De nouvelles applications apparaissent en permanence et font que ce marché est en forte croissance.

Récemment, ces systèmes miniatures sont apparus dans des dimensions encore plus réduites sous le nom de nanosystèmes électromécaniques ou NEMS, des capteurs de la taille d'une puce électronique.

 

Le parcours de Tronics

Tronics est issue du CEA-Leti à Grenoble (qui est aussi à l'origine de Soitec créée également par un Centralien). Elle a poursuivi son développement avec des levées de fonds successives de 0,7 M€ (CDC Innovation en mars 2000), 0,8 M€ (CEA Investissement en mai 2001), 10,5 M€ en juillet 2001 (CDC Innovation, Sercel Holding, Schneider Electric Venture, Crédit Lyonnais Venture Capital et IXCore) qui lui ont permis de construire à Crolles une unité de production opérationnelle en 2003. Une nouvelle levée de 3 M€ en 2005 auprès des actionnaires historiques, a permis de compléter l'équipement du site de Crolles.

 

En 2008, un filiale de production est lancée à Dallas, hébergée par Honeywell et en 2012, une coentreprise Chinatronics est créée à Hong Kong avec le distributeur chinois, Era Spread.

 

En 2012, Tronics se lance avec le CEA-Leti et Movea, un spécialiste des algorithmes et solutions logicielles pour les MEMS, dans un partenariat ayant pour objet de développer la technologie M&NEMS. Cette technologie permet de combiner sur une même puce de 4 mm2 jusqu'à 10 axes de mesure (c'est-àdire 10 fonctions capteurs) : accéléromètres, gyromètres, magnétomètres, pression… et microphone. Ce partenariat est soutenu par le Ministère de l'Industrie à hauteur de 6,5 M€.

 

En 2013, Tronics qui était jusqu'alors, très largement dépendante de Sercel, constructeur d'équipements pour la prospection sismique pour les pétroliers, et filiale de CGG Veritas, avec 64% de ses ventes – certaines années jusqu'à 80%, décide de diversifier sa clientèle ...

 

En 2014, le projet ASIMUT (Advanced and Smart Inertial Measurement Unit) est lancé par Movea, avec Tronics, l’EASII-IC et le CEA-Leti, en vue de créer un système de navigation sans GPS pour piéton, utilisable dans les bâtiments et les souterrains de transport.

En mi-2014, Sercel ne représente plus que 25% des ventes en partie parce que la chute du prix du pétrole a conduit à l'arrêt des investissements de CGG Veritas dans les équipements produits par sa filiale ! Il était temps pour Tronics qui, malgré tout, a vu son chiffre d'affaires 2013 baisser de 25% par rapport à 2012 et a perdu près de 700 k€. 

En 2014, son chiffre d'affaires a été de 11,6 M€ en croissance de 14% par rapport à 2013 (10,2 M€), le chiffre d'affaires hors Sercel étant passé de 6,4 M€ à 9,9 M€. 

 

Le modèle de Tronics

Tronics est à la fois

- un concepteur et fabricant de MEMS avec une chaîne complète du design à la production en série de systèmes entièrement "packagés" sur étagère et

- un MEMS fab proposant des services de sous-traitance de MEMS dans ses salles blanches de Crolles (600 m2) et de Dallas (1800 m2). 

Tronics est positionnée sur le segment des produits spécifiques à haute valeur ajoutée de type accéléromètres et gyromètres. Selon Tronics, ce marché aurait été de 1,6 milliard $ en 2014 et devrait croître jusqu'à 3,3 milliards $ en 2019, répartis entre les domaines Industriel, Aéronautique & Sécurité, Médical et Electronique Grand Public. Ses ventes en 2014 étaient réparties ainsi : aéronautique et sécurité 49%, industrie 34%, électronique grand public 15% et sciences de la vie 2%.

 

Les challenges de Tronics

Depuis son introduction en Bourse, Tronics a eu un bref et beau parcours avec une progression d'environ 50% de son cours.

Mais elle fait face à des challenges majeurs :

- sa part du marché mondial est inférieure à 1%,

- elle est traditionnellement placée sur les segments industriels et aéronautiques en France

- sa présence hors de France avec l'unité de production de Dallas (moins de 20% des ventes) est très récente

Elle avance que ses avantages compétitifs se situent dans les domaines suivants : offre complète de conception,  fabrication et packaging, avance technologique en nanosystèmes et agilité/réactivité. 

Elle ambitionne d'atteindre un chiffre d'affaires de 40 M€ en 2018.

Comme beaucoup de PME françaises, son challenge est avant tout le développement international sur d'autres marchés que l'aéronautique (qui est très difficile à pénétrer d'un pays à l'autre) ou des niches comme celle de Sercel (recherche pétrolière). A l'évidence, le potentiel est majoritairement dans l'électronique grand public et les sciences de la vie, là où Tronics est le plus faible.

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